Le 18 août 2016, Daniel Harris, 29 ans, est abattu par un policier lors d'un contrôle routier en Caroline du Nord, dans le sud-est des Etats-Unis. Les faits qui lui sont reprochés ? Le jeune conducteur, repéré pour excès de vitesse, n'a pas répondu aux injonctions des forces de l'ordre, simplement parce qu'il était… sourd (article complet en lien ci-dessous). Après une brève poursuite, l'homme, qui ne s'exprime qu'en langue des signes, sort enfin de son véhicule, et se fait tirer dessus. Pour éviter qu'un tel drame se reproduise, le Sénat du Michigan (Etats-Unis) a adopté deux projets de loi (278 et 279) qui ont pour ambition de faciliter les interactions entre les policiers et les automobilistes avec autisme, déficience auditive ou tout autre trouble de la communication.
Le handicap mentionné sur les papiers d'identité
Les ordres, l'uniforme, les lumières clignotantes et les sirènes peuvent déstabiliser et causer une surcharge sensorielle, provoquant des comportements jugés inhabituels par les forces de l'ordre. Arrêté en 2016 pour excès de vitesse, Xavier Degroat évoque, auprès du média local Wilx 10, une expérience « très intensive », qui l'a empêché de « communiquer de manière opportune ». « Les policiers m'ont sommé de baisser ma fenêtre de manière très pressente et je n'avais aucune idée de ce à quoi ressemble une carte d'assurance donc je suis devenu très anxieux », témoigne le président de la Xavier Degroat autism foundation, qui a milité pour l'adoption de ces projets de loi. A son tour, Cathy Blatnik, présidente de la Mid-Michigan Autism, explique : « Mon fils se parle à lui-même pour se calmer. S'il avait une interaction avec un agent de police, il faudrait que son nom soit inscrit dans un fichier pour qu'il puisse comprendre : 'OK, ce jeune homme agit ainsi car il est autiste' ».
Un fichier privé
C'est tout l'enjeu de ce nouveau système. Le policier pourra prendre connaissance du handicap éventuel du conducteur en scannant son permis de conduire, sa carte d'identité ou sa plaque d'immatriculation, et ainsi (ré)agir en conséquence. A noter qu'aucune mention ne figurera sur les papiers d'identité, ces informations confidentielles seront stockées sur le réseau d'information sur l'application de la loi (Law enforcement information network, en anglais), auquel seule la police peut avoir accès. Pour inscrire la désignation « obstacle à la communication » sur l'immatriculation de son véhicule, il suffira de se rendre au secrétariat d'Etat avec un certificat médical attestant de son trouble. Une initiative à essaimer à l'échelle nationale et internationale ? Mais qui peut potentiellement ouvrir un débat sur le fichage…