La psychiatrie, une « priorité », annonçait, en septembre 2018, Emmanuel Macron lors du lancement de la feuille de route « Santé mentale et psychiatrie » et de sa traduction dans le plan « Ma santé 2022 ». Deux ans plus tard, celle considérée comme le « parent pauvre de la médecine » fait état d'un manque de personnel, de moyens et de considération de la part des politiques publiques , renforcés par la crise sanitaire actuelle. Après plusieurs plans successifs pour sauver la santé mentale du naufrage (articles complets en lien ci-dessous), le ministre de la Santé, Olivier Véran, annonce, le 5 janvier 2021, une enveloppe supplémentaire de 60 millions d'euros, dans le cadre de la troisième circulaire relative à la campagne tarifaire et budgétaire 2020 des établissements de santé. « L'importance des enjeux justifie l'ampleur des moyens alloués qui seront complétés en 2021 », explique son cabinet dans un communiqué.
Renforcer la psychiatrie infanto-juvénile
20 millions d'euros vont permettre de soutenir 48 projets dédiés à la psychiatrie périnatale, de l'enfant et de l'adolescent, dans le cadre de la deuxième édition de l'appel à projets lancé en 2019 pour financer des projets innovants (article en lien ci-dessous). Objectif : renforcer les équipes et structures de façon pérenne mais aussi améliorer l'accessibilité et le parcours de soins, en priorité dans les territoires non pourvus ou sous dotés. Comment ? Grâce à la création de lits d'hospitalisation temps plein pour mineurs (Territoire de Belfort, Manche), une réponse plus rapide aux demandes et ainsi une réduction des délais d'accès via une amélioration de l'offre de soins ambulatoires (Haute-Savoie, Loire-Atlantique), la mise en place et le renforcement d'équipes mobiles, en tirant les enseignements de la crise sanitaire, en particulier pour les publics vulnérables que constituent les enfants protégés (Bouches-du-Rhône, Essonne) ou encore des consultations ambulatoires et d'équipes mobiles en psychiatrie périnatale (Haute-Garonne, Nord).
Plus de psychologues et de liens
Près de 30 millions d'euros sont également consacrés au soutien psychologique de l'ensemble de la population, à travers le financement de deux mesures phares. Tout d'abord, le doublement de la dotation du Fonds d'innovation organisationnelle en psychiatrie (20 millions) -second lauréat de l'appel à projets- permettra de financer 76 projets ; ils portent, notamment, sur la mise en œuvre de parcours de soins afin de favoriser la proximité et les articulations avec les acteurs de la ville et du médico-social mais aussi le développement ou le renforcement de la télémédecine, l'amélioration de l'accès aux soins somatiques, du repérage et de la prise en charge précoces, ou encore sur la prévention et la gestion des situations de crise et d'urgence. « Une attention particulière a été apportée aux dossiers élaborés au sein des projets territoriaux de santé mentale », précise le cabinet d'Olivier Véran. D'autre part, 160 postes de psychologues seront créés au sein des centres médico-psychologiques (CMP) ; cette enveloppe de 9,6 millions d'euros entend également renforcer les centres de psychotraumatisme dans les territoires qui le nécessitent ainsi que les structures infanto-juvéniles.
Développer les équipes mobiles de psychiatrie précarité
Enfin, les démarches « d'aller-vers » les personnes en situation de détresse psychique devraient « fortement » être développées grâce au renforcement des équipes mobiles psychiatrie précarité (EMPP) à hauteur de 10 millions d'euros, comme annoncé lors du Ségur de la santé. L'enjeu ? Un repérage et une prise en charge plus rapide des personnes en souffrance, notamment à la rue, en centre d'hébergement ou en accueil de jour. « La qualité des projets financés dans le cadre des appels à projets témoigne de la capacité des professionnels à concevoir de nouvelles formes de réponses aux besoins, plus efficaces et mieux adaptées aux parcours des patients », se félicite le cabinet.