« J'ai subi des violences sexuelles, j'aimerais connaître mes droits. » Des appels comme celui-ci, Betty Molin, coordinatrice du centre ressource Intimagir Auvergne-Rhône-Alpes, en reçoit quatre à cinq par jour. Cette conseillère conjugale de formation, ayant exercé quinze ans pour le planning familial, conseille, oriente, écoute les personnes handicapées sur des questions de vie intime et sexuelles, de parentalité et de violences conjugales. Son seul téléphone et sa bonne écoute ne sont pas de trop pour recevoir les demandes de toute une région. Elle est accompagnée dans son travail par Véronique, responsable de la communication chez Intimagir 69.
Informer et mettre en relation avec des soignants
Les centres ressources Intimagir ont été mis en place par l'État dans le cadre du Grenelle contre les violences conjugales de 2019 (Grenelle des violences conjugales : quelles mesures ?). Quatorze structures ont été, depuis, déployées partout en France hexagonale, ainsi qu'un en Corse et un autre à la Réunion. Le pôle lyonnais est porté par la Fédération régionale du Planning familial Auvergne-Rhône-Alpes. Il propose à la fois un point d'entrée pour poser des questions, un fonds documentaire, une mise en relation avec des professionnels de santé ou des pair-aidants de proximité. Il permet également à des établissements du secteur sanitaire et médico-social de se former aux questions de sexualité et d'intimité pour les publics qu'il accompagne.
Libérer la parole
« J'ai été violé dans mon centre d'accueil quand j'étais enfant. Je ne savais rien sur le consentement et sur l'éducation sexuelle en générale. D'autant que je ne savais ni lire ni écrire. On ne parlait pas de ces choses-là à cette époque », témoigne, ému, Willy, infirme moteur cérébral, aujourd'hui âgé de 57 ans. « Grâce à Intimagir, j'ai pu apprendre et libérer ma parole. »
« On a une sexualité »
« On a une sexualité comme tout le monde », affirme de son côté Anne, également en situation de handicap, et victime de « gestes déplacés ». « Il faut que ces violences cessent ! » Pour rappel, les personnes handicapées restent plus souvent victimes de violence : 7,3 % ont subi des violences physiques et/ou sexuelles, contre 5,1 % pour celles ne déclarant pas de handicap.
© Clotilde Costil