« Les relations de voisinage sont un bon moyen de lutter contre l'isolement des personnes avec un handicap psychique », affirme Aurélien Troisoeufs, anthropologue de la santé. Facteur de rétablissement en santé mentale, l'habitat fait aujourd'hui l'objet d'une étude portée par le laboratoire de recherche du GHU-Paris psychiatrie et neurosciences : « L'art de voisiner et la santé mentale ». Ce projet de recherche a exploré le thème du voisinage auprès de trente personnes avec un trouble psychique dans le 19e arrondissement de Paris. L'objectif ? Etudier leurs représentations et leurs pratiques quotidiennes de voisinage, notamment dans les logements collectifs.
Les idées reçues sur les troubles du voisinage
Les résultats de ces recherches ont été compilées dans l'espace multimédia de la Fondation internationale de recherche appliquée sur le handicap (FIRAH) " Voisinage et handicap psychique ", réalisé dans le cadre du programme « Clap sur la recherche ». Quatre thématiques sur la « façon de voisiner » ont pu être identifiées : la nécessité de maintenir une distance relationnelle, la pratique ponctuelle de l'entraide, la pratique de petites relations pour entretenir un lien quotidien et la gestion des moments où les troubles de la santé mentale peuvent impacter sur la relation de voisinage. Ces « stratégies co-construites entre voisins » sont bien expliquées dans une mini-série composée de trois courts-métrages (voir vidéo ci-contre). « On peut avoir un handicap psychique et ne pas du tout causer de troubles du voisinage. A l'inverse, en cas de crises, la police n'est pas forcément la bonne solution. Avoir une unité responsable des troubles du voisinage, avec des personnes formées aux troubles psychiques, permettrait de désamorcer certaines situations, sans tomber dans une réponse sécuritaire », suggère Céline, l'une des témoins du reportage.
Stratégie de bien-vivre ensemble
Ces analyses « pourront être utiles à l'enrichissement des savoirs des professionnels de l'accompagnement, des acteurs des quartiers et des habitants, mais aussi de toutes les personnes en situation de voisiner », affirment les rapporteurs de l'étude. Pour aller plus loin, un rapport complet et un article scientifique réalisés dans le cadre de la recherche viennent compléter cet espace multimédia. L'ensemble de ces ressources devrait permettre de construire une stratégie de bien-vivre ensemble pour vaincre les stigmatisations et répondre à l'isolement, auprès des bailleurs sociaux, des habitants d'un quartier dans lequel s'installe un lieu d'habitat thérapeutique ou encore dans le cadre d'une formation sur l'habitat inclusif.