Quelque 4,5 millions de personnes handicapées au Yémen subissent "négligence et abandon" face à des difficultés accrues dans un pays pauvre et ravagé par cinq ans de guerre civile, dénonce Amnesty International dans un rapport publié le 3 décembre 2019, à l'occasion de la Journée internationale des personnes handicapées.
Soutien insuffisant
"Les personnes handicapées, qui figurent déjà parmi les plus vulnérables en période de conflit armé, ne devraient pas avoir plus de difficultés (que les autres) à obtenir une assistance de base", affirme Rawya Rageh, conseillère principale sur la situation de crise à Amnesty. Au Yémen, pays le plus pauvre de la péninsule arabique et dévasté par la guerre, elles reçoivent un "soutien insuffisant" face à des difficultés accrues notamment pour échapper à la violence, souligne l'ONG. Amnesty évoque notamment des "déplacements difficiles" voire même des "abandons et des séparations" de leurs familles "dans le chaos qui accompagne la fuite". Quand elles sont parvenues à s'échapper, "les déplacements ont souvent entraîné une détérioration supplémentaire de leur santé ou de leur handicap", souligne Amnesty.
Urgence à satisfaire les besoins élémentaires
Le rapport de l'ONG est le fruit de six mois de recherches avec des "visites dans trois gouvernorats du Sud", contrôlé par le gouvernement, et une centaine d'entretiens. Environ 3,3 millions de personnes ont été déplacées par la guerre et 24,1 millions, soit plus des deux tiers de la population yéménite, ont besoin d'assistance, selon les Nations unies. Le rapport d'Amnesty relève des "problèmes d'aménagement affectant les personnes handicapées" dans les camps de déplacés, notamment dans la conception des toilettes ou l'emplacement des points de distribution de l'aide. Mme Rageh a appelé à "davantage" d'efforts de la part des "donateurs internationaux, de l'ONU et des organisations humanitaires travaillant avec les autorités yéménites (...) pour surmonter les obstacles qui empêchent les personnes handicapées de satisfaire leurs besoins élémentaires".
Multitude de crimes de guerre
Le conflit au Yémen, qui oppose depuis 2015 les forces du gouvernement appuyées par une coalition militaire sous commandement de l'Arabie saoudite aux rebelles Houthis soutenus par l'Iran, a provoqué la pire crise humanitaire au monde, selon l'ONU. Il a tué, selon diverses organisations humanitaires, des dizaines de milliers de personnes, essentiellement des civils. En septembre 2019, des experts de l'ONU ont fait état dans un rapport de la "multitude de crimes de guerre" qui auraient été commis par les diverses parties depuis le début du conflit. En juin, le Conseil de sécurité de l'ONU a adopté, à l'unanimité, sa première résolution sur la protection des personnes handicapées en période de conflit armé.