Des bus qui ne s'arrêtent jamais, des rampes que l'on refuse de déployer, parfois des insultes… Le manque de civisme dans les transports en commun est monnaie courante pour les personnes en fauteuil roulant. Au point que, le 23 juillet 2018, à Saint-Ouen (93), Soumaïla doit engager une course poursuite avec un bus qui a refusé, pour la seconde fois, de le laisser monter. Son audace a fait le tour des medias. Quelques mois auparavant, à Marseille, c'est Rudy, le globe-totteur de Handilol, qui fait face à l'obstination de plusieurs conducteurs de ne pas sortir leur rampe au motif qu'elle fait « tomber les bus en panne » (articles en lien ci-dessous). Pourtant, parfois, il y a des pépites de bon sens et surtout d'humanité…
Tout le monde descend !
Le 18 octobre 2018, porte de Clichy, dans le 17ème arrondissement de Paris, F. (il nous a demandé de retirer son nom, dépassé par le buzz qu'a provoqué son histoire) attend son bus en compagnie de son frère, son aidant familial. Touché par une sclérose en plaques primaire progressive invalidante, il se déplace en fauteuil roulant manuel. Lorsque son bus arrive, il est bondé, la rampe est déployée mais personne n'a visiblement l'intention de se pousser pour le laisser monter. Le chauffeur, avisant ce manque de bonne volonté, se lève et lance d'un ton sans appel : « Terminus ! Tout le monde descend ! ». Les râleurs tentent de résister mais, finalement, tout le monde s'exécute. Le conducteur se dirige alors vers F., encore sur le trottoir : « Vous pouvez monter ». Et, s'adressant à ses ex-passagers : « Les autres, vous attendez celui d'après ! ». Le prochain est prévu 5 minutes plus tard. Le bus repart avec deux personnes à bord, en mode VIP.
Une médaille ?
« Il m'a dit que, le fauteuil roulant, tout le monde pouvait en avoir besoin un jour, explique François. Qu'aucun membre de sa famille n'était handicapé mais qu'il fallait juste faire preuve d'un peu de civisme. Je ne sais pas comment il a fait pour convaincre les autres passagers. » F., qui dit avoir souvent des problèmes pour faire valoir ses droits dans les transports, n'a pas gardé de contact avec lui et ne connait pas son nom. « Il mérite pourtant une médaille », se félicite Ludivine, également en fauteuil, qui partage ce constat souvent amer. Pourtant, elle témoigne, elle aussi, de moments solidaires : « Une fois, les passagers de la ligne B refusaient de me laisser entrer dans le wagon. Le conducteur a annoncé au haut-parleur qu'il ne partirait pas sans moi à bord. Ça n'a pas suffi. Il a sorti par le col le nombre de personnes suffisant pour que je puisse monter. J'ai eu la trouille pour lui ». De son côté, F. conclut : « Je me suis dit qu'il y avait quand même une petite justice pour les gens en fauteuil roulant même si c'est rare en Ile-de-France ». Une anecdote inspirante !