Chien-guide refusé dans un supermarché, il filme la scène

Le responsable du supermarché oblige Kevin à quitter son magasin avec son chien-guide. Le jeune Toulousain revient à la charge et filme la scène. Ces échanges font le buzz sur les réseaux sociaux. A quand une application stricte de la loi ?

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Un de plus ! Son chien d'assistance risque de « lécher les légumes » et de « renifler les saucissons », alors le responsable du magasin lui demande de sortir. Un cas à part ? Pas vraiment. Mais, pour une fois, la scène est filmée et génère une indignation sans précédent sur les réseaux sociaux et dans les médias. L'occasion « d'aboyer » une bonne fois pour toutes pour faire respecter la loi ?

Ce que dit la loi

Le 3 août 2018 au matin, Kévin Fermine, un jeune Toulousain de 27 ans qui se déplace en fauteuil roulant se rend dans le Carrefour Express de Rangueil, un quartier de Toulouse. Un responsable l'interpelle : « S'il vous plaît, le chien vous pouvez le laisser à l'entrée du magasin », lui proposant alors de l'aide pour faire ses courses. Le jeune homme rétorque que c'est un chien d'assistance et que la loi lui permet d'entrer dans tout lieu public sans restriction. L'article 88 de la Loi n° 87-588 du 30 juillet 1987, modifié par la LOI n°2016-1321 du 7 octobre 2016 – art. 107 précise en effet que : « L'accès aux transports, aux lieux ouverts au public, ainsi qu'à ceux permettant une activité professionnelle, formatrice ou éducative est autorisé aux chiens guides d'aveugle ou d'assistance accompagnant les personnes titulaires de la carte « mobilité inclusion » portant les mentions « invalidité » et « priorité » prévue à l'article L. 241-3 du code de l'action sociale et des familles ou la personne chargée de leur éducation pendant toute leur période de formation. » Y compris, donc, dans les magasins d'alimentation !

Des chiens spécialement éduqués

Odile Maurin, présidente de l'association Handi-social, qui accompagne le jeune homme, tente de faire valoir ses droits. Une semaine auparavant, Kévin a déjà été éconduit dans les mêmes circonstances, la scène a été préparée et peut donc être, maintenant, filmée. Le responsable s'entête, bafouille -il a regardé « un peu » sur internet-, invoque divers arguments, le « bons sens » et « l'hygiène » : « C'est un magasin alimentaire », « Il est écrit à l'entrée que les chiens ne sont pas autorisés ». Odile Maurin explique qu'aucun « directeur de magasin ne devrait ignorer ça » et précise que « ces chiens sont éduqués spécialement pendant deux ans, sont très rassurants pour les personnes fragiles et très importants pour leur autonomie ».

La réponse de Carrefour

Interpellée par l'association Handi-Social, la direction de Carrefour renouvelle ses excuses pour « les faits qui se sont déroulés dans son magasin franchisé toulousain » et assure que l'enseigne est « engagée depuis plusieurs années en faveur des personnes en situation de handicap », employant 6 500 collaborateurs dans cette situation. Le groupe dit également avoir lancé en 2017, avec l'association Handi'Chiens, des actions de sensibilisation auprès du grand public et avoir financé l'éducation de chiens pour l'assistance d'enfants et d'adultes. Elle entend néanmoins faire une petite piqure de rappel de la réglementation auprès de ses équipes magasins, afin de les « resensibiliser ». Un autocollant pourrait faire l'affaire ; lancé en 2015 par le gouvernement et apposé à l'entrée des lieux publics, il précise explicitement la distinction entre chiens et chiens guides. « Dès la rentrée, je réunirai dirigeants et syndicats de la grande distribution afin de s'assurer que toute personne en situation de handicap puisse se rendre dans un supermarché, sans contrainte aucune », a twitté le 7 août Sophie Cluzel, secrétaire d'Etat en charge du handicap.

D'autres combats

« J'en ai marre de faire valoir mes droits. Les rares lois qui existent doivent être appliquées », s'insurge de son côté le jeune Toulousain qui n'en est pas à son premier combat. En juin 2018, il attaquait la SNCF pour « discrimination », déplorant ne pas pouvoir se rendre aux toilettes ni à la voiture bar (article en lien ci-dessous). La procédure est en cours, Kévin réclamant 20 000 euros de dommages et intérêts et la mise en conformité des trains. Verdict le 16 août 2018.

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