Sans transport, pas d'étude : pétition en faveur de Laurie

Laurie a 19 ans, handicapée à 80%. Depuis plusieurs mois, ses parents se battent avec le Conseil général (74) pour obtenir la prise en charge de ses déplacements jusqu'à l'université. Sans succès ! Ils lancent donc une pétition.

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Laurie Moscillo est une lycéenne studieuse qui, en 2013, obtient son bac avec mention et décide de s'inscrire à l'université de Grenoble, dans un DUT de génie électrique et informatique. Jusque-là, l'histoire pourrait sembler banale. Mais Laurie n'est pas une étudiante tout à fait ordinaire... Et son cursus universitaire n'aura duré qu'un trimestre.

Une belle opportunité à Grenoble

Cette jeune fille de 19 ans, IMC (Infirme moteur cérébral), est handicapée à 80% et se déplace en fauteuil roulant électrique. A la rentrée 2013, Laurie est accueillie dans une université grenobloise (rappelons que Grenoble est, selon le baromètre 2013 de l'APF, la ville la plus accessible de France et s'implique dans bien des domaines en faveur des personnes handicapées). Le hic, c'est que ses parents habitent en Haute-Savoie, à 150 km de là. Laurie n'a donc pas d'autre choix que de séjourner, dans la semaine, dans une résidence étudiante et de ne rentrer chez elle que le week-end.

2 000 euros ou 10 000 ?

Et c'est là que débute l'imbroglio. L'article R 213-16 du Code de l'Education stipule que « les frais de déplacement exposés par les étudiants handicapés qui fréquentent un des établissements d'enseignement supérieur relevant de la tutelle du ministère de l'éducation nationale ou du ministère de l'agriculture et qui ne peuvent utiliser les moyens de transport en commun, en raison de la gravité de leur handicap, médicalement établie, sont pris en charge par le département du domicile des intéressés. ». Le Conseil général de Haute-Savoie, partant du principe que Laurie est maintenant domiciliée à Grenoble, accepte donc de prendre en charge le coût de son transport entre sa « nouvelle » résidence et l'université, soit 1.8 km, mais pas pour retourner chez ses parents le week-end. Or cet aller/retour hebdomadaire revient à 2 000 euros par mois. A moins que... Tel que notifié par la CCDAH (Commission dédiée au sein de la Maison départementale des personnes handicapées), Laurie peut aussi décider de continuer à vivre chez eux, quitte à faire 300 km en taxi par jour ; la facture s'élèverait alors à 10 000 euros par mois !

En décembre, Laurie doit renoncer

Face à une telle aberration, une solution semble enfin avoir été trouvée proposant la prise en charge d'un aller le lundi et d'un retour le vendredi. Cette promesse de bon sens n'a jamais été tenue. Pendant trois mois, espérant une issue favorable à cette situation ubuesque, les parents de Laurie n'ont pas d'autre choix que de mettre la main au porte-monnaie pour rétribuer le chauffeur de taxi. En attendant... Mais 7 000 euros plus tard, l'épargne familiale a totalement fondu ; le 20 décembre 2013, Laurie doit renoncer. Elle restera désormais à la maison, tentant tant bien que mal de suivre ses cours par correspondance.

Le pot de terre contre le pot de fer

La famille Moscillo a tout tenté : conciliation, modification, adaptation. En vain... « Le pot de terre contre le pot de fer, un combat usant contre un mur d'incompréhension, selon eux. Ou tout simplement contre l'indifférence ? ». Un jeu de ping-pong incessant sans dialogue possible ou avec des réponses surprenantes : « Laurie pourrait s'y rendre par elle-même avec sa propre voiture", "les parents devraient aménager leurs horaires" ou encore "les déplacements vers les centres médico-sociaux peuvent être pris en charge mais pas vers un IUT". On suggère également à Sylvie d'accompagner sa fille en train deux fois par semaine alors que le trajet comporte deux correspondances de quelques minutes, une prouesse avec un fauteuil roulant ! « C'est un vrai dialogue de sourds que nous avons entamé avec le Conseil général et qui ne mène à rien..."

Persona non grata

Les parents de Laurie multiplient les demandes, les recours, s'adressent au Défenseur des droits, au Tribunal administratif, à la Ministre déléguée aux personnes handicapées... Et même au Conseil d'Etat qui, le 22 avril 2014, déboute la demande au motif qu'il n'y a pas d'urgence. Laurie attend le verdict du Tribunal administratif sans qu'aucune échéance ne puisse être fixée. A force d'enfoncer les portes, Sylvie est devenue persona non grata. Rien de nouveau pour l'horizon 2014 alors qu'après cette « année blanche », l'université de Grenoble offre à Laurie la possibilité de se réinscrire pour la prochaine rentrée. Elle doit le faire au plus tard le 6 juin prochain... A condition d'avoir trouvé une solution pour son transport !

Une pétition sur le Net

Un comité de soutien a donc vu le jour, multipliant ses actions pour se faire entendre. Il lance à la fois une page sur Facebook et une pétition sur le Net (lien ci-dessous) adressée au président du Conseil général de Haute-Savoie. Au 28 avril 2014, elle a avait rassemblé 2 125, sur les 5 000 espérées. A peine la moitié. Une mobilisation en faveur de Laurie mais plus globalement de tous les étudiants handicapés...

Crédit photo : Le Messager

 

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"Tous droits de reproduction et de représentation réservés.© Handicap.fr. Cet article a été rédigé par Emmanuelle Dal'Secco, journaliste Handicap.fr"
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