Nicolas Sarkozy : handicap, quels sont ses objectifs ?

A quelques jours de la primaire Les Républicains, Nicolas Sarkozy dévoile les actions qu'il souhaite mener en faveur des personnes handicapées. AAH, emploi, accessibilité. A quoi s'attendre ?

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En vue des élections présidentielles de 2017, handicap.fr souhaite donner la parole à tous les candidats aux primaires des grands partis, ainsi qu'aux candidats déclarés, sur leur politique handicap. Nous leur avons  soumis le même questionnaire, par écrit, et publions les réponses telles qu'elles nous ont été rendues, sans retouche. 

Handicap.fr : Contrairement aux élections précédentes, les candidats aux prochaines présidentielles semblent vouloir davantage s'exprimer sur la question du handicap. C'est le cas de Jean-Luc Mélenchon, de Nicolas Dupont-Aignan et surtout de Bruno Lemaire… Certains politiques auraient-ils pris conscience que 10% de la population, c'est un électorat qu'on ne peut pas se permettre de négliger ?
Nicolas Sarkozy :
Je parle au peuple français. Comme vous le rappelez 10% de nos compatriotes sont handicapés. En parlant aux Français, je m'adresse à chacun, avec son histoire, sa vie, sa souffrance aussi. La politique ce n'est pas du marketing, c'est un engagement fondé sur un diagnostic solide qui demande du courage et un cap à suivre ! Le handicap touche tout le monde sans distinction d'âge, de niveau de vie… C'est une vie qui bascule à l'arrivée d'un enfant différent, après un coup dur, un accident, une maladie… Je déplore que les initiatives prises sous mon quinquennat (l'AAH, création de places, aide aux familles) n'aient pas été poursuivies depuis 2012.

H.fr : Dans cette primaire, qu'est-ce qui vous distingue des autres candidats LR sur la question du handicap ?
NS :
L'expérience du mandat présidentiel d'abord. L'exercice du pouvoir, c'est agir parfois contre l'avis des experts quand ils vous disent : « Une augmentation 25% de l'AAH après la crise ! Ce n'est pas raisonnable. »

La compréhension de la détresse des familles qui voient naître un enfant différent dans une société qui a perdu ses repères et met toutes les « différences » sur le même plan. C'est d'ailleurs pour répondre à leur besoin de soutien que je supprimerai les charges sur les emplois familiaux.

Des rencontres marquantes ensuite : celle de Jean-Marie Barbier (ndlr : ancien président de l'Association des paralysés de France, aujourd'hui décédé), exigeant dans la négociation mais impressionnant par sa force de conviction. Plus récemment, ce travailleur handicapé, à Dozulé. « Je suis lent » m'a-t-il dit pour m'expliquer qu'à l'école cela ne s'était pas bien passé pour lui. Aujourd'hui, dans le cadre protégé de son ESAT, il est fier de son travail.

Cette mère angoissée pour l'avenir de son fils autiste vieillissant qu'elle ne pouvait plus garder près d'elle, malgré toute la force de son amour pour lui.

Face au handicap, il faut être humble car on ne peut qu'alléger un peu la difficulté d'une personne, d'une famille... Pour répondre à votre question, ce qui me distingue, c'est cette conviction, cette volonté ancrée en moi, que l'on peut aller beaucoup plus loin !

H.fr : Quelle serait votre mesure phare en matière de handicap si vous accédiez à nouveau au pouvoir ?
NS :
Je mettrai en œuvre cette priorité pour la durée du quinquennat : école, ressources, emploi et citoyenneté, reprise du plan de création de places interrompu alors que le rythme que j'avais initié aurait permis de tenir l'objectif, pour qu'aucun de nos compatriotes handicapés ne soit « sans solution », réduction du taux de chômage des personnes handicapées qui, depuis 2012, a explosé de +65%. Je réunirai des États généraux avec l'ensemble des acteurs qui donneront à cet engagement un cadre précis et une feuille de route : constat, besoins prioritaires, principes d'action. 

H.fr : Les personnes handicapées retiennent que, durant votre quinquennat, vous avez augmenté l'AAH de 25%. Pouvez-vous aller plus loin ?
NS :
Aller plus loin, c'est déjà tourner le dos à l'inaction actuelle. Faire que cette augmentation de 25% soit effective, ce qui n'est pas le cas puisqu'il a cru devoir rompre avec l'engagement que j'avais pris. Sanctuariser les choix budgétaires en faveur de nos compatriotes handicapés. Faire que, dans le droit commun, on n'oublie jamais que plus de 6 millions sont en effet handicapés.

H.fr : Faut-il réellement jeter la pierre au gouvernement de Manuel Valls en matière d'accessibilité des lieux publics quand il hérite d'une situation qui a pris du retard sous d'autres majorités que la sienne ?
NS :
Ce qui est catastrophique, c'est le flou et les atermoiements ! La politique d'accessibilité doit être remise à plat dans le cadre d'un vrai partenariat avec les associations, sans idéologie mais avec réalisme et la volonté de proposer aux Français un cadre de vie adapté à leurs usages. Je crois que rien n'est pire que les postures ; ce qui compte c'est l'action et les résultats de l'action.

H.fr : Pourtant en mars 2016, dans l'émission Des paroles et des actes, sur France 2, vous dénonciez des normes d'accessibilité trop contraignantes, proposant qu'une petite partie du parc de logements et d'écoles soit rendue accessible. Ce qui avait évidemment fait réagir les personnes concernées, jugeant votre position « inquiétante ». Maintenez-vous votre point de vue sur cette question ?
NS : J'ai beaucoup réfléchi à ces questions. Une politique d'accessibilité se doit d'être effective ! Je me méfie des déclarations d'intention et des postures qui se traduisent par de grandes désillusions. Ce que je veux, c'est que nos compatriotes handicapés puissent se loger, circuler, vivre leur vie d'écolier, d'étudiant, de salarié, et qu'ils puissent vieillir comme tous les Français. Je constate beaucoup de situations difficilement compréhensibles : des logements accessibles mais ne bénéficiant pas aux personnes qui en ont besoin, des bâtiments accessibles mais non desservis…  J'ajoute que l'accessibilité c'est aussi un sujet pour des personnes avec des handicaps mentaux, psychiques ; pouvoir comprendre des informations, pouvoir se sentir protégé, c'est aussi cela l'accessibilité. Il faut rouvrir ce dossier avec réalisme, courage et la volonté de faire bouger les choses !

H.fr : Parce que l'école est le nerf de la guerre en termes d'inclusion, « une » mesure phare pour la scolarité des enfants handicapés ?  
NS : Pas de réponse.

H.fr : Parce que le chômage des personnes handicapées est deux fois supérieur à la moyenne nationale, quelle serait votre mesure prioritaire ?
NS : Si la question de l'emploi pouvait se régler par une mesure, cela se saurait ! La question du chômage des personnes handicapées n'échappe pas à cette complexité. Nous devons faire face à une perte de compétitivité majeure de notre pays. Toute ma politique économique et fiscale est orientée vers la reconquête de la croissance, la lutte contre le chômage. Comment se fait-il que la France, qui a bénéficié du même environnement économique, s'en sorte tellement affaiblie par rapport aux autres états européens ? Le redémarrage de notre économie, c'est évidemment une condition essentielle pour la baisse du chômage de nos compatriotes handicapés.

Mais, au-delà de ce constat et de cet engagement, il faut, là encore, regarder la réalité en face. La situation d'un jeune diplômé handicapé, sortant d'une école de commerce par exemple, ne peut être comparée à celle de personnes plus âgées, très peu qualifiées qui subissent une double ou triple peine si je puis dire ! Les secteurs protégé et adapté doivent donc être soutenus, de même que l'accès à la formation professionnelle adaptée, notamment par la voie de l'apprentissage. Mais il faut, en effet, aller plus loin et aider les travailleurs handicapés à cumuler, dans de meilleures conditions, salaire et AAH afin de faciliter la conciliation d'une activité avec leur situation de handicap.

Enfin, je suis très préoccupé par la question du maintien dans l'emploi de tous ceux qui, du fait de la maladie ou d'un accident, voient leur vie professionnelle interrompue. Cette brutalité, qui consiste à les laisser sur le bord de la route, est inacceptable. Cependant, parfois, le handicap est tellement lourd que le travail n'est pas possible. Nos compatriotes, dans ce cas, doivent savoir que ma conception de la solidarité nationale est que nous leur devons la protection et une vie digne. Tous ces sujets seront les priorités du chantier présidentiel que j'ouvrirai dès le début du quinquennat, à l'été 2017.

H.fr : Les règles qui régissent l'emploi des travailleurs handicapés sont différentes dans le public et dans le privé, par exemple les emplois réservés existent dans le public et non dans le privé, en milieu ordinaire. Pourquoi ? Et ce système a-t-il encore une raison d'être ? Une autre différence est l'existence de deux fonds de collecte distincts, l'Agefiph et le Fiphfp. Pourquoi ? Et est-ce la solution la plus pertinente ?
NS :
Permettez-moi d'abord de dire que je trouve la propension de François Hollande à autoriser le siphonage systématique de ces fonds révélatrice de la faiblesse de son engagement sur la politique d'emploi de nos compatriotes handicapés.

Vous le savez, je considère indispensable d'aligner secteur public et secteur privé, en matière de temps de travail comme de retraite. De plus, alléger la dépense publique est une condition indispensable à la relance de notre économie. Je réduirai donc le nombre des emplois publics. Il ne s'agit évidemment pas de fragiliser pour autant la situation des personnes handicapées.  C'est dans ce cadre que l'on doit à mon sens aborder la question que vous posez. L'Agefiph et le Fiphfp se distinguent par l'origine de leurs financements mais aussi par leurs modalités d'intervention : ils devront tous deux contribuer aux évolutions de l'emploi des personnes handicapées. L'élargissement de leurs missions nécessitera une réflexion sur leur avenir.

H.fr : En 2011, lors de la CNH (Conférence nationale du handicap), vous aviez utilisé à plusieurs reprises le terme « les handicapés », plutôt que « personnes handicapées », ce qui les avait heurtées. Renouvelé dernièrement dans l'émission précitée. Les leaders politiques n'ont-ils pas la responsabilité de véhiculer la bonne sémantique ?
NS : La sémantique est importante, bien sûr ! Et le handicap ne doit jamais cacher la personne… Quand je prends la parole, quel que soit le cadre de mes interventions, je m'adresse à tous mes compatriotes, certains d'entre eux sont handicapés, d'autres le deviendront peut-être un jour du fait d'un accident de la vie ou du fait de l'âge. L'attention et la protection que nous leur devons est une marque de civilisation. Je crois aux actes, je crois à l'engagement, à la Nation, notre communauté de destin. J'admire la leçon de vie que nous donnent, par leur courage, nos compatriotes handicapés.

H.fr : Les Républicains avait la particularité d'être le seul parti à avoir un mouvement associatif militant comme Handipop, qui portait la parole des personnes handicapées. Aurait-il disparu ? 
NS : Pas de réponse.

H.fr : Contrairement aux candidats américains qui n'ont pas brillé par l'accessibilité de leur campagne, comptez-vous faire un effort dans ce sens, par exemple vélotypie lors des conférences, sites internet aux normes, accessibilité des meetings, pour que les personnes handicapées puissent elles aussi prendre part au débat démocratique ? 
NS : Pas de réponse.

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"Tous droits de reproduction et de représentation réservés.© Handicap.fr. Cet article a été rédigé par Emmanuelle Dal'Secco, journaliste Handicap.fr"
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