Il a tenté un défi fou, le « two ways » dans la Manche, l'aller-retour à la nage, soit 120 km. Le 1er juillet 2019, après une interminable attente à cause d'une météo défavorable, Arnaud Chassery, 42 ans, nageur longue distance, quitte l'Angleterre à 10h45 pour se lancer à l'assaut de l'Everest de la natation. Il atteint les côtes françaises à 2h du matin, après 14h21 minutes de nage. Après une courte pause, il se rejette à l'eau pour boucler la deuxième partie. Cap sur l'Angleterre. Comme le veut le règlement, dans une eau à 15 degrés, il n'est vêtu que d'un slip de bain, d'un bonnet et d'une paire de lunettes. A 8h, avec une houle importante de face et de forts courants, il décide de mettre un terme à cette nage impossible...
Ex-partenaire de Philippe Croizon
Arnaud Chassery avait déjà traversé le Channel en solitaire en 2008, rejoignant les côtes françaises en 16 heures et 38 minutes, pour un total de 64 kilomètres. Deux ans plus tard, il traverse le détroit de Gibraltar dans les mêmes conditions, en 4 heures. En 2018, deuxième face à face avec la Manche, cette fois-ci dans un relais à quatre. Arnaud Chassery, c'est aussi le partenaire qui a accompagné Philippe Croizon lors de sa propre traversée de la Manche en 2010 mettant son expertise au service du nageur quadri-amputé. Deux ans plus tard, le duo nage au coude à coude pour relier les Cinq continents à la nage. « Ce mec, c'est un vrai guerrier, confie Philippe Croizon, qui a suivi sa progression heure par heure. Il n'y a qu'une poignée de nageurs qui ont réussi cette folie dans les deux sens. Et je m'y connais en folie. Arnaud, c'est l'ours des montagnes capable de tout défoncer. Mais un ours au grand cœur. »
Sensibilisé au handicap
Cette rencontre avec Philippe l'ayant sensibilisé au handicap, Arnaud Chassery crée l'association Alopias (en lien ci-dessous), « un défi humain pour soutenir le handicap ». En 2017, le Bourguignon, membre de la Société́ des explorateurs français, accompagne Yann Jondot, maire paraplégique d'une commune bretonne, au sommet du Kilimandjaro. En 2018, lors de sa seconde traversée de la Manche, il met en lumière une maladie infantile, la diplégie spastique, qui entraîne une paralysie des jambes et des hanches très jeune. « Si vous ne parlez pas de cette maladie, personne n'y fait attention. Cette prouesse est une vitrine et nous permet de faire connaître cette maladie, souvent diagnostiquée tardivement, donc il faut en parler », expliquait le sportif sur France Bleu Auxerre.
Au nom des enfants dys
Lors de ce two-ways, il veut alerter sur le manque cruel de structures, de personnels et d'aides destinés aux parents qui sont confrontés à la dure réalité du handicap. Dénoncer le vide institutionnel en la matière est devenu sa priorité… Plus particulièrement, il entend mettre en lumière les jeunes avec un trouble dys (dyslexie, dysphasie, dyspraxie…), « un handicap invisible au premier coup d'œil, difficile à diagnostiquer, mais qui nuit à l'éducation des enfants et à l'accès à l'emploi des adultes », explique le nageur de l'extrême. « Je rêve que des jeunes gens s'appuient sur cette histoire » pour réaliser leurs rêves, poursuit-il. Prochain défi pour Arnaud, en compagnie de Yann Jondot, repartir à l'aventure... en Amazonie, cette fois pour tenter de comprendre la place accordée au handicap au sein des populations indigènes (article en lien ci-dessous).
Une équipe de France 3 était à bord du bateau d'assistance avec l'objectif de réaliser un documentaire de 52 minutes. A découvrir bientôt…
© Gérard Maximin