Près de 700 000 Français seraient concernés par des troubles du spectre de l'autisme (TSA). Si les capacités des autistes Asperger attirent de plus en plus d'entreprises (article en lien ci-dessous), les personnes avec un autisme plus sévère ont bien plus de mal à accéder à l'emploi. Pour les familiariser « en douceur » avec le milieu ordinaire, l'association Ludosens propose un service civique adapté de neuf mois. Il est destiné aux jeunes avec TSA, TDAH (troubles de l'attention / hyperactivité) ou un handicap psychique, âgés de 18 à 30 ans -au lieu de 25 ans pour le dispositif « ordinaire »-. Répartis en trois groupes de quatre, les jeunes apprennent la vie en communauté et le travail d'équipe. Chaque quatuor planche sur un projet qui vise à sensibiliser le grand public à ces troubles, encore source de défiance et de clichés.
Privilégier la pair-aidance
« Ces jeunes ont souvent des phobies scolaires ou sociales et ont pu connaître des phénomènes d'exclusion. Cette expérience leur permet de renouer avec un environnement bienveillant, explique Priscilla Laulan, fondatrice de Ludosens. En même temps, ils sont formés. » Au cours de leur mission, ils sont amenés à réaliser des supports artistiques, créatifs ou numériques, en privilégiant la pair-aidance. En cas de besoin, des professionnels les aident à concrétiser leur projet. Un informaticien les initie, par exemple, à la programmation ou au développement, tandis qu'une illustratrice jeunesse leur dévoile les rudiments du dessin. En 2018, le groupe « artistique » a réalisé une affiche sur « Les huit super pouvoirs du handicap invisible » : penser en arborescence, imagination, sens du détail, perfectionnisme, franchise… (vidéo ci-dessus). Cette année, les jeunes fabriquent un livre numérique et une bande-dessinée.
Répondre à une carence
Cette initiative répond à un besoin d'inclusion professionnelle mais également à une carence du service civique. « Peu de jeunes en situation de handicap y ont accès. Nous l'avons utilisé comme un levier administratif et juridique mais l'idée était de proposer une alternative aux jeunes neuro-atypiques qui ont des fonctionnements et des modes de pensée différents », précise Priscilla Laulan. Pour prendre en compte leurs besoins spécifiques, l'association met notamment à disposition une salle de repos « pour les personnes très fatigables » ou encore des casques anti-bruit pour celles sensibles aux sons. L'objectif : « leur permettre d'évoluer dans un environnement le plus confortable possible ». Autre atout non négligeable : ce dispositif leur permet de cumuler l'AAH (Allocation adulte handicapé) et la bourse de service civique. Intéressés ? Trois sessions auront lieu en 2019 : de mars à décembre, d'avril 2019 à janvier 2020 et de septembre 2019 à juin 2020. Les candidats sont recrutés via le réseau de partenaires de Ludosens : missions locales, dispositif d'emploi accompagné des structures médico-sociales… « Mais les candidatures spontanées sont aussi les bienvenues », assure la directrice.