52 % des personnes handicapées n'ont pratiqué aucune activité physique et sportive (APS) en 2020, contre 33 % de la population générale française. « La sédentarité qui résulte de nos modes de vie actuels et les nombreux freins à la pratique font que trop de citoyens ne trouvent pas leur place dans le modèle sportif actuel », déplore le Conseil économique, social et environnemental (CESE). A un peu plus d'un an des Jeux de Paris 2024, la troisième assemblée constitutionnelle de la République se mobilise pour développer le parasport et rendre accessible la pratique sportive de proximité, via un avis rapporté par Marie-Amélie le Fur, présidente du Comité paralympique et sportif français (CPSF), et Dominique Carlac'h, ancienne athlète devenue « chef d'entreprise engagée ». Le texte, qui rassemble vingt préconisations, a été présenté lors de l'assemblée plénière du 29 mars 2023, au nom de la commission éducation, culture et communication. Objectif : accompagner les acteurs du sport dans la construction d'un « héritage sanitaire, économique, social, environnemental et sociétal des Jeux ». Leitmotiv ? « Si le sport est bénéfique à chacun, il faut qu'il soit accessible à tous. »
Le sport : trait d'union entre toutes les différences
La pratique d'une activité physique constitue un enjeu majeur de santé publique par son effet sur la santé physique et mentale, selon le CESE (et pas que), et génère de multiples autres impacts positifs : réduire le stress, diminuer les douleurs, prévenir les maladies, améliorer la qualité du sommeil, créer du lien social... Plus spécifiquement, « le sport peut aider les personnes en situation de handicap à surmonter leurs difficultés, le regard qu'elles portent sur elles-mêmes ou que les autres portent sur elles », estime le CESE. Ainsi, « il doit servir de trait d'union entre toutes les différences, tous les milieux, âges et capacités ». Et le CESE voit en Paris 2024 une véritable opportunité pour concrétiser son ambition. De son côté, Tony Estanguet, président de Paris 2024, se dit convaincu que cet évènement sportif mondial contribuera à « améliorer la vie des personnes en situation de handicap, notamment en créant une dynamique en matière d'accessibilité ».
20 préconisations
Le CESE, qui conseille le gouvernement et le parlement et participe à l'élaboration et à l'évaluation des politiques publiques, a donc émis vingt préconisations afin, dans un premier temps, d'inciter au développement et à la diversification de l'offre d'APS. Il recommande, par exemple, la création d'une politique publique « autonomie, sport et solidarité », animée par les conseils départementaux, en lien avec les acteurs du territoires (entreprises, associations…), et disposant de moyens financiers, matériels et humains. Il préconise aussi que le projet de vie des personnes en situation de handicap, transmis à la maison départementale des personnes handicapées (MDPH), comprenne un volet consacré à la pratique d'une APS. Les besoins financiers en matériels et accompagnements humains, « indispensables », seraient ainsi pris en compte dans le plan personnalisé de compensation. Par ailleurs, il incite le CPSF à centraliser l'ensemble des informations et outils existants sur la pratique parasportive via une plateforme numérique, « connectée » au site d'information du ministère des Sports « Solution sport entreprise » qui promeut l'activité physique en milieu professionnel.
Toutes les formes de pratiques
Seconde ambition ? « Valoriser et favoriser l'impact du développement de toutes les formes de pratiques sportives. » Pour ce faire, le CESE exhorte à étendre le programme prioritaire de recherche autonomie (PPR autonomie) aux domaines du parasport et du sport de santé, en lançant un appel à projets sur les thèmes de l'innovation, de la recherche et du développement, en lien avec le plan France 2030. Il préconise également l'inclusion de « tests de capacité physique et de forme » dans le système d'évaluation santé qui sera mis en place dans le cadre des futures consultations de prévention et prône leur extension aux enfants de 8 ans et adolescents de 16 ans. D'autre part, il recommande d'inscrire un cycle obligatoire de parasport en EPS pour tous les élèves à l'école primaire, au collège et au lycée afin de les sensibiliser aux enjeux d'inclusion, de diversité et de respect des droits de chaque citoyen.
Sensibiliser les acteurs du monde du sport
Le CESE encourage également à mieux former et sensibiliser les acteurs clés du secteur sportif, notamment en formant les professeurs d'EPS aux pratiques d'éducation inclusive, via la mise en place de ressources pédagogiques sur Eduscol -site web d'accompagnement des professionnels de l'éducation- et d'un module de formation systématique. Enfin, le Conseil souhaite susciter l'engagement de tous les acteurs en faveur du sport pour tous. Il recommande notamment à l'Agence nationale du sport d'identifier et multiplier le nombre de « passeurs » -les personnes qui appartiennent à la fois au domaine sportif auprès des personnes en situation de handicap et des « valides »- et qu'elle incite au développement et à la valorisation du bénévolat des personnes éloignées du sport au sein des associations dédiées.
L'avis du CESE a été adopté à l'unanimité avec 111 voix pour, sur un total de 175. A 500 jours des Jeux de Paris 2024 qui promettent d'être « révolutionnaires », la balle est désormais dans le camp du gouvernement...