À Nantes, une école pensée pour les enfants neuroatypiques

À Nantes, l'école Mosaïque accueille des enfants avec troubles dys, autisme ou TDAH. Pour les familles souvent en détresse, cette structure hors contrat entend offrir un cadre apaisé et adapté, comblant les lacunes de l'école ordinaire. Reportage.

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4 élèves autour d’une table avec leur enseignant, à l’école Mosaïque.

Plus de cris, ni de larmes. Casque anti-bruit à portée de main, Anna, 9 ans, entre sereine dans son école dédiée aux enfants avec des troubles du neurodéveloppement (TND). Un « soulagement » pour les parents, longtemps démunis face à ses difficultés dans une école classique.

« Des enfants que l'école ordinaire ne comprend pas »

Troubles dys, du spectre de l'autisme, du déficit de l'attention, haut potentiel intellectuel… L'école primaire Mosaïque, à Nantes, prend en charge depuis un an des « enfants que l'école ordinaire ne comprend pas ». Pendant de longs mois, à l'heure de la sonnerie, Anna a pleuré, vomi. « En CE1, j'ai commencé à avoir une phobie scolaire. Je ne sais pas pourquoi. C'était difficile », raconte la petite fille, queue de cheval et gilet rose, diagnostiquée notamment de troubles anxieux et dys.

Un impact familial profond et un apaisement retrouvé

Ces difficultés ont « écrasé » la vie de famille, raconte sa mère, qui a réduit ses heures de travail pour éviter la cantine, puis le périscolaire. « Il y avait en premier plan la détresse de mon enfant et puis les appels de l'école, le regard des autres parents qui avaient l'air de dire 'cette pauvre mère complètement dépassée'... Ici, Anna se sent écoutée. Ça a été révolutionnaire », raconte Amélie Rogez.

Une structure associative avec des moyens personnalisés

Les 17 élèves « neuroatypiques » de Mosaïque, école hors contrat gérée par une association de parents à but non lucratif, sont répartis en deux classes, du CP au CE2 et du CM1 au CM2. Outre leurs enseignantes, ils sont accompagnés par une psychologue et un assistant éducatif. « Dans un premier temps, les enfants doivent se sentir mieux, avoir une scolarité paisible. Mais on ne met rien de côté, l'objectif c'est aussi d'apprendre, d'avoir les acquis », précise Nathalie Boisson, présidente de l'établissement. Scolarisé l'an dernier à Mosaïque, son fils entre cette année en sixième dans un collège public.

Des parcours dictés par le besoin d'adaptation

Accueilli par les enseignantes, Pascal Lougarre dépose ses fils de 6 et 9 ans pour leur première rentrée à Mosaïque. La famille habitait jusqu'ici en Thaïlande, mais le lycée français ne convenait pas à l'aîné, isolé et en difficulté. En l'absence d'alternative sur place, ils ont préféré déménager. « Notre fils avait de nombreuses difficultés d'intégration, d'épanouissement. Il était rejeté par les autres enfants parce qu'il était différent. Il y a eu une petite errance médicale, puis on a eu la chance de rencontrer des professionnels qui ont pu poser des diagnostics précis », raconte le père de famille.

Une « bouée de sauvetage » face à un système inadapté

Les parents d'élèves évoquent souvent la même histoire : les difficultés à l'école, l'isolement de leurs enfants, voire le harcèlement et les « idées noires », les convocations quasi quotidiennes, les enseignants « souvent volontaires » mais « pas armés ni formés » pour s'occuper des cas particuliers. « Je comprends que l'école classique soit faite pour peut-être 90 % des enfants. Mais que fait-on pour les 10 % qui restent ? Le fait que des parents se mobilisent, s'organisent, c'est une bouée de sauvetage, c'est formidable. Mais en même temps c'est inquiétant de savoir qu'il n'y a pas d'autre alternative », poursuit Pascal Lougarre.

Une école financée principalement par le mécénat

L'école Mosaïque est financée à plus de 90 % par le mécénat et les frais de scolarité. Calculés selon le quotient familial, ils s'élèvent par élève de 5 000 à 6 500 euros annuels.

Selon les estimations du gouvernement datant de 2023, les troubles dys touchent 8 % de la population française, les troubles de l'attention avec ou sans hyperactivité (TDAH) 6 % des enfants et 3 % des adultes, et les troubles autistiques 1 à 2 % de la population.

La nécessité de transformer le système scolaire

La stratégie nationale 2023-2027 pour les TND mettait notamment l'accent sur le dépistage « systématique » des enfants, la formation des enseignants et une plus large scolarisation (Stratégie TND : quel bilan un an après son lancement?). « On aimerait bien sûr que notre école n'ait pas besoin d'exister. Que les parents n'aient pas besoin de payer une scolarité. Mais, pour le moment, l'école classique ne donne pas à nos enfants ce dont ils ont besoin », relève Nathalie Boisson, qui projette de tripler le nombre d'inscriptions d'ici 2027.

© Ecole Mosaïque Nantes

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