« Ecrivons ensemble l'histoire de la déconjugalisation de l'AAH ! » C'est l'invitation faite par un nouveau site lancé en mars 2021. Son nom ? leprixdelamour.fr. Objectif ? Recueillir des témoignages de personnes en détresse qui se disent victimes de la prise en compte des revenus de leur conjoint dans le calcul de leur Allocation adulte handicapé (AAH). On doit cette initiative à une jeune équipe de cinq personnes en situation de handicap, quatre filles et un garçon. Parmi elles, Kévin Polisano, 31 ans, administrateur du site. Ce chercheur grenoblois publie sur son blog (kevinpolisano.com) de nombreux billets au sujet de l'AAH (article en lien ci-dessous), tient une page Facebook de veille et prend part aux débats politiques autour de cette problématique.
Des histoires de vie
Ce tout nouveau site entend donner la parole à ceux qui sont pénalisés au quotidien, en leur permettant d'exprimer l'impact de la mesure actuelle sur leur quotidien. Une quarantaine de personnes ont déjà déposé leur témoignage, aussi bien par écrit qu'en vidéo. « Je suis en dépression car je dois toujours demander de l'argent à mon mari si je veux quelque chose pour moi. Nous avons même pensé à divorcer pour retrouver mon AAH et ma dignité », témoigne Yvonne. « Si je travaille, mon épouse n'aura plus de revenu et sera totalement dépendante de mon salaire pour vivre ou plutôt survivre », écrit Gabriel. « Ma copine a commencé à faire pression sur moi pour me donner de l'argent, c'était en contrepartie ou sous conditions. Elle dictait la façon dont je devais me conduire au quotidien », ajoute Antoine.
Parfois la violence…
Parmi tous les obstacles évoqués, la dépendance financière arrive en tête. Mais il est aussi question de violences conjugales, de souffrance, de dignité, de culpabilité… « Une première synthèse des témoignages conclut à d'autres répercussions bien éloignées des soucis financiers (…) comme voudrait le faire croire l'exécutif », observe Eric Michiels qui, le 15 mars, lançait une pétition sur le site de l'Assemblée pour demander que cette proposition de loi soit rapidement étudiée (article en lien ci-dessous). En premier viennent les reproches, dès l'apparition des difficultés financières : « J'assume tout. Tu sers à rien (sic). C'est de ta faute... » Face à l'impossibilité de se séparer, viennent trop souvent les premiers gestes de violence, une « mauvaise excuse ou une habitude ».
Battre le fer tant qu'il est chaud
« Rien n'est plus puissant qu'une idée dont l'heure est venue », disait Victor Hugo. Pour l'AAH, aujourd'hui, tout converge… Le 11 février 2020, les députés adoptent une proposition de loi en ce sens, contre l'avis du gouvernement car, ce jour-là, les députés LREM sont en minorité. Le 9 mars 2021, c'est au tour des sénateurs de faire un pas en avant. Mais parce que le texte a été en partie modifié, il doit repasser à l'Assemblée. Alors que certains imaginaient que cette question serait reportée aux calendes grecques, le texte sera étudié le 17 juin 2021 dans le cadre de la niche parlementaire de la Gauche démocrate et républicaine (GDR). Rien n'est encore gagné car les députés de la majorité, désormais en alerte, ne s'y feront probablement pas prendre à deux fois. Pourtant, ne renonçant à aucun espoir, les partisans multiplient les initiatives (pétitions, grève de la faim, mobilisation sur les réseaux sociaux via les #aahdignité ou #leprixdelamour) tout comme les alertes dans les medias qui, d'une manière générale, ont massivement relayé ce combat. Ils entendent battre le fer tant qu'il est chaud. Et c'est le cas…
Les personnes concernées sont invitées à raconter leur histoire en envoyant un mail à contact@leprixdelamour.fr .