Addictions et handicap: le médico-social a son rôle à jouer

Les personnes handicapées sont plus exposées aux risques d'addictions, selon la Haute autorité de santé qui publie des recommandations destinées aux établissements du médico-social. Objectif ? Prévenir et agir face aux conduites addictives.

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40 %. C'est le taux de consommation de tabac, d'alcool, de drogues illicites et de médicaments chez les personnes en situation de handicap, contre 34 % au sein de la population générale. « Elles peuvent présenter une fragilité sociale, relationnelle et psychique susceptible de les placer en situation de risque en matière de consommation de substances psychoactives licites et des écrans », explique la Haute autorité de santé (HAS).

Un sujet méconnu

Or les établissements et services du secteur social et médico-social (ESSMS) ont un rôle à jouer dans le champ de la prévention. Voilà plusieurs années maintenant que la HAS planche sur ce sujet méconnu et peu exploré, et pourtant de santé publique. Après le constat, vient l'action. Elle a donc publié le 25 janvier 2023 le troisième volet de ses travaux sur la « prévention des addictions et la réduction des risques et des dommages », consacré cette fois-ci aux ESMS. Elle y fait ses premières recommandations pour « outiller ces professionnels » et « entreprendre une démarche de prévention ». Outre le secteur du handicap, ceux de l'inclusion sociale, de la protection de l'enfance et des personnes âgées sont également visés.

Donner des repères

« L'enjeu est de donner des repères aux professionnels des ESSMS non spécialisés en addictologie, qui peuvent se sentir démunis », précise l'autorité publique. Chaque secteur d'activité a reçu une feuille de route spécifique, propre au public accueilli, mais avec, à chaque fois, une ligne de conduite commune. Les structures doivent ainsi s'investir de façon collective sur ce sujet, mobilisant toute l'équipe pluridisciplinaire. Les professionnels concernés doivent, à terme, pouvoir répondre à ce type de questions : « Comment aborder la question des addictions avec les personnes concernées ? Comment réagir face aux comportements addictifs et quelles actions enclencher ? Comment gérer la cohabitation entre personnes consommatrices et non consommatrices ? Comment trouver un équilibre entre droits des personnes et devoir de protection ? ».

Six leviers d'actions

La démarche s'articule en six leviers d'actions, de la prévention au repérage, en passant par l'accompagnement des conduites addictives. Avant tout, la priorité reste d'installer un climat de confiance. Il est recommandé de privilégier des temps individuels d'échange pour « ouvrir le dialogue et définir avec la personne les objectifs de l'accompagnement dans le cadre du volet santé du projet personnalisé ». La HAS insiste sur la notion de « cadre protecteur » et d'échange en bonne intelligence, en respectant les choix de l'intéressé. « Il est nécessaire de mettre en place une sécurisation des consommations plutôt qu'une interdiction », affirme-t-elle. L'entourage, lorsqu'il est présent, doit être pleinement associé car son rôle est déterminant. Par ailleurs, la HAS met l'accent sur la « variabilité » des conduites addictives selon le type de handicap et l'âge de la personne. « En conséquence, l'accompagnement proposé sera lui aussi différent d'une personne à une autre », indique-t-elle.

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"Tous droits de reproduction et de représentation réservés.© Handicap.fr. Cet article a été rédigé par Clotilde Costil, journaliste Handicap.fr"
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