C'est la belle histoire du jour. Ça se passe dans les pages de Libération. Le media publie un dossier sur les bas salaires, allant à la rencontre de quatre travailleurs précaires, issus de différentes professions. Il y fait mention de la situation d'Emmanuelle Guillaume, accompagnante d'élève en situation de handicap (AESH). Cette habitante des Alpes-Maritimes de 57 ans explique gagner 790 euros par mois en travaillant à temps partiel, trente heures par semaine. Elle ajoute que, même si son métier la passionne et qu'elle a le désir d'aider les parents d'enfants différents, « ce n'est pas normal de travailler et de ne pas pouvoir vivre décemment ».
Un courrier insolite
Et puis, le 15 septembre 2021, Libération reçoit un courrier insolite, expédié depuis Nice, manuscrit, non signé, dans lequel sont glissés deux chèques de 800 euros. L'un d'eux est destiné à Emmanuelle. L'inconnu remercie le média pour ce dossier « à la fois touchant et pertinent ». Il explique que, « disposant d'un modeste héritage », il désire faire un geste « humaniste » et ajoute avoir été « forcé de faire un choix » entre les quatre témoignages. Il n'exige rien en retour, souhaitant garder l'anonymat. « C'est une première », confie Libération. Avertie par téléphone, Emmanuelle, le souffle coupé, confie à la rédaction : « Je n'ai jamais eu de prime de ma vie. Ça fait quasi un mois de salaire. Ce geste d'un inconnu, ça me redonne un peu foi en l'humanité. »
Les AESH en colère
Rappelons que les AESH sont descendues dans la rue en avril et juin 2021, puis le 19 octobre 2021, pour crier leur colère (article en lien ci-dessous). Ils étaient 125 500 à la rentrée, soit une augmentation de 35 % en cinq ans, selon les chiffres du ministère de l'Education. Même si des mesures ont été prises par le gouvernement pour consolider cette profession (formation, statut, contrat de travail…), elles sont jugées bien en-deçà des besoins. Comme Emmanuelle Guillaume qui explique n'avoir plus de quoi faire ses courses en fin de mois, la plupart continue de vivre, à cause de temps partiels imposés, avec des salaires « en-dessous du seuil de pauvreté », en moyenne 760 euros par mois.