Un risque de malformation multiplié par quatre à cinq et des troubles neurodéveloppementaux (TND) chez 30 à 40 % des enfants exposés in utero... Le valproate et ses dérivés (valpromide, divalproate) sont les antiépileptiques les plus risqués en cas de grossesse. Après un premier rapport en 2019, l'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) publie, fin novembre 2023, une « mise à jour », en 73 pages, afin de sécuriser l'utilisation des antiépileptiques chez la femme enceinte.
Des déficiences motrices...
En France, près de 600 000 personnes sont atteintes d'épilepsie sévère dont environ 100 000 femmes en âge de procréer, traitées potentiellement avec du valproate. Les médicaments concernés sont Depakine et génériques, Micropakine, Depakote et son générique Divalcote et Depamide. Sachant qu'ils peuvent également être prescrits en cas d'épisodes maniaques/dépressifs, de névralgies, de troubles bipolaires, de prophylaxie de la migraine... « Leur utilisation est formellement contre-indiquée durant la grossesse, sauf en l'absence d'alternatives thérapeutiques », rappelle l'ANSM, sous peine de provoquer un spina bifida, des fentes de la lèvre et/ou du palais, des malformations des membres, du cœur, des organes génitaux...
... et cognitives
Des troubles du spectre de l'autisme (TSA), du déficit de l'attention avec ou sans hyperactivité (TDAH), de la mémoire mais aussi un retard dans l'apprentissage de la marche et de la parole et un quotient intellectuel inférieur ont également été observés. Selon une étude de 2022, en France entre 17 000 et 30 000 enfants présenteraient ce type de troubles liés à une exposition in utero à l'acide valproïque (Lire : Acide valproïque durant la grossesse: comprendre le danger!).
Les femmes enceintes ne seraient pas les seules concernées ! La prise de valproate par le père dans les trois mois précédant la conception est en cours d'évaluation au niveau européen (Lire : Père sous antiépileptique : risques de TND pour le fœtus?).
D'autres antiépileptiques à risque
Le nouveau rapport confirme également le risque de malformation majeure associé à la prise de prégabaline (Lyrica et génériques), comme suspecté quatre ans auparavant, mais aussi de TND liés au topiramate (Epitomax) et possiblement à la carbamazépine (Tegretol). De même que l'exposition à la (fos)phénytoïne (Prodilantin, le Di-Hydan et Dilantin), le phénobarbital (Gardenal) et la primidone (Mysoline) peut entraîner des malformations congénitales majeures. Concernant l'Oxcarbazépine (Trileptal), la surveillance se poursuit, des études complémentaires sont nécessaires.
Des données insuffisantes pour d'autres médicaments
Pour la Lamotrigine (Lamictal et génériques) et le lévétiracétam (Keppra et génériques, Leptax et Leviden), les données disponibles ne mettent pas en évidence d'augmentation du risque de malformations congénitales majeures ou de TND. Par ailleurs, l'insuffisance voire l'absence de données empêchent d'évaluer les risques potentiels des autres antiépileptiques : vigabatrine (Kigabeq et Sabril), felbamate (Taloxa), zonisamide (Zonegran et génériques), gabapentine (Neurontin et génériques), brivaracétam (Briviact), cannabidiol (Epidyolex), cénobamate (Ontozry), eslicarbazépine (Zebinix), éthosuximide (Zarontin), fenfluramine (Fintepla), lacosamide (Vimpat et génériques), pérampanel (Fycompa), rufinamide (Inovelon) et tiagabine (Gabitril). Réponse dans un prochain rapport ?