« Au cours des 5 dernières années, avez-vous déjà eu l'impression, que l'on dévalorisait injustement votre travail ou la manière dont vous le meniez ? ». C'est l'une des questions posées aux 5 117 personnes sondées pour l'élaboration de la 11e édition du « Baromètre de la perception des discriminations dans l'emploi » réalisée par le Défenseur des droits et l'Organisation internationale du travail (OIT).
Être femme et handicapée !
Il donne à voir l'exposition de la population active aux propos et comportements sexistes, homophobes, racistes, liés à la religion, handiphobes ou liés à l'état de santé au travail. Parmi ces répondants, des personnes en situation de handicap. Le bilan est sans appel : mieux vaut ne pas être femme et handicapée ! Les femmes perçues comme non-blanches et les femmes en situation de handicap sont les plus exposées aux attitudes hostiles au travail. En effet, 43% de ces dernières, qui combinent deux facteurs de discrimination, disent avoir été victimes de propos stigmatisants.
C'est de l'humour ?
Ce phénomène est loin d'être isolé : près d'une personne sur quatre déclare avoir déjà fait l'objet de ce type de propos ou comportement. Les propos sexistes et racistes sont les plus fréquents en milieu professionnel ; 33 % des personnes perçues comme non-blanches déclarent des attitudes racistes pour 6% des personnes perçues comme blanches. En matière de handicap, 15% des personnes qui déclarent un handicap ou une maladie chronique rapportent des propos et comportements handiphobes pour 2% des personnes en bonne santé. Ces comportements sont trop souvent minimisés dans les milieux professionnels, en particulier lorsqu'ils tentent d'être justifiés par l'humour.
Ce que dit la loi
Considéré comme une discrimination par la loi du 27 mai 2008, le harcèlement discriminatoire est constitué par « tout agissement lié à l'un des motifs de discrimination prohibé, subi par une personne et ayant pour objet ou pour effet de porter atteinte à sa dignité ou de créer un environnement intimidant, hostile, dégradant, humiliant ou offensant ». Obéissant au régime juridique des discriminations, la qualification de harcèlement discriminatoire permet à la victime de saisir notamment la justice et le Défenseur des droits. Ainsi, elle peut mettre l'employeur ou employeuse en situation de devoir expliquer les procédures mises en place pour prévenir ces situations et les faire cesser lorsqu'elles se produisent.
Pour inciter à la prévention, le Défenseur des droits publie une « Fiche pratique à destination des employeurs » qui comporte plusieurs axes : reconnaître le harcèlement discriminatoire, les obligations de l'employeur privé et public et les risques qu'il encourt ainsi que ceux pour l'auteur de harcèlement discriminatoire.