A chaque rentrée son lot de parents mécontents, qui alertent les medias et font entendre leur exaspération parce que leur enfant en situation de handicap n'a pas d'AVS (ou AESH, accompagnant d'enfant en situation de handicap) ; les uns restent, au mieux dans la classe sans accompagnement ad hoc, les autres sont, au pire, renvoyés à domicile avec l'obligation pour leurs proches de se débrouiller. Mais combien sont-ils ces laissés pour compte ? 4%, répond Sophie Cluzel au micro d'Europe 1 le 10 septembre 2019. Quelques jours après la rentrée, la secrétaire d'Etat au Handicap ne fait ainsi que confirmer les réalités du terrain, en avançant ses propres chiffres. Le 30 août, elle dénonçait une « fake news » sur le cas de 257 enfants sans solution divulgué par l'Adapei de la Drôme.
Des témoignages convergents
Samuel Le Bihan, acteur, père d'une petite fille autiste et initiateur de la plateforme autismeinfoservice.fr, est de ces parents inquiets ou à bout et a largement répandu sa situation dans les medias. Çà et là, des écoles doivent faire avec les moyens du bord, comptant parfois sur l'implication des parents pour se substituer aux accompagnants défaillants. C'est notamment le cas au collège Saint-Jacques la Forêt de La-Chapelle-Achard (Pays de la Loire), toujours en attente de nominations. A Dettwiler, en Alsace, Théo annonce à ses parents : « C'est un garçon de ma classe qui remplace l'AVS » car la sienne n'a pas fait sa rentrée. Son père menaçant d'assigner le rectorat en justice, tout est finalement réglé rapidement. A Grenoble, ce sont les accompagnants eux-mêmes qui tirent la sonnette d'alarme en manifestant le 5 septembre sous les fenêtres du rectorat pour obtenir des affectations en bonne et due forme (article en lien ci-dessous). Idem dans la Creuse où une dizaine d'entre eux ont été convoqués seulement le 10 septembre pour signer leur contrat. L'Originale K, rappeuse et maman d'un enfant autiste a, quant à elle, choisi de dire sa colère en chanson ; #inclusionfermeta****** rappe au nom des enfants descolarisés.
Contrepartie : emplois pérennes
Pour un certain nombre, cette rentrée ne s'est donc pas faite en toute sérénité. 4 % suffisent à mettre le bazar dans les écoles, les familles et les esprits. « On a encore des ajustements de recrutement à faire, concède la ministre. C'est en cours d'être réglé. » Des difficultés subsistent, notamment, « dans les bassins d'emploi en tension ». Le Premier ministre lui-même, saluant les progrès de cette rentrée qui se dit plus que jamais inclusive, avait reconnu : « Est-ce que ça veut dire que pour tous les enfants la situation au jour de la rentrée est trouvée, non et il faut avoir la lucidité de le dire », ajoutant : « Nous avons encore du travail devant nous ». En 2019, entre 370 000 et 400 000 élèves en situation de handicap (les chiffres diffèrent selon les sources) sont scolarisés en école ordinaire, soit 5 % de plus que l'an dernier. Pour les accompagner, 4 500 postes d'AESH supplémentaires ont été créés. Assez pour couvrir tous les besoins ? Reconnaissant des recrutements peut-être insuffisants, Sophie Cluzel a souligné que ces emplois seraient néanmoins plus « durables », avec des « accompagnants pérennes » et « plus aucun contrat aidé », afin d'éviter les « ruptures en cours d'année scolaire ». Les enfants auront « un accompagnant trois ans, renouvelable trois ans », même si, selon elle, des « ajustements restent à faire ».
Les grands moyens ?
Sophie Cluzel encourage les parents démunis à contacter la cellule d'écoute dédiée mise en place dans chaque département (article en lien ci-dessous). Venant en renfort de la plateforme Aide handicap école (0 800 730 123), ce nouveau dispositif de proximité promet une première réponse dans les 24 heures. Le cas échéant, faut-il employer les grands moyens ? L'État a été condamné, début septembre 2019, à verser mille euros à une famille tourangelle dont l'enfant, autiste, a dû faire sa rentrée sans AVS. Une somme symbolique mais sa maman confiait à La nouvelle République que « le plus important était de faire reconnaître le préjudice subi par mon fils et que cette décision puisse faire jurisprudence pour d'autres familles ». Le hic, c'est que cette affaire datait… de 2016 ! Et, là, tout de suite, on fait comment ?