En quatre ans, les politiques handicap françaises ont évolué. D'abord en réponse à la pandémie, qui a posé de nouveaux défis en termes d'accès aux soins et d'autonomie des personnes ; puis à la suite de l'audition de la France par les Nations unies, reprochant notre approche trop médicale du handicap. Avec l'organisation des Jeux olympiques et paralympiques de Paris, le handisport connaît une montée en puissance et des chantiers importants ont été entamés en faveur de l'accessibilité universelle. C'est dans ce contexte riche, ponctué de lois et d'actions mises en place par l'Etat, que le Conseil national consultatif des personnes handicapées (CNCPH) publie, le 15 juillet 2024. un avis sur le rapport du gouvernement concernant la politique handicap.
Accessibilité universelle, où en est-on ?
L'accessibilité, mère des combats pour une société plus inclusive, est au cœur de ses préoccupations. Près de la moitié du document est consacrée à ce sujet. Si les transports sont jugés plutôt bons élèves, c'est moins le cas pour les infrastructures. « Elle est reléguée au second plan, bien qu'elle soit le socle de toute démarche engagée », écrit le CNCPH. En cause, selon lui, « l'absence de portage politique et d'accompagnement » des acteurs publics et privés.
Plusieurs obligations ont été supprimées, comme celle de rendre les logements neufs entièrement accessibles (Loi ELAN : on va vers 20 % de logements accessibles). Cela dit, le CNCPH « salue » la mise en place du fonds à destination des établissements recevant du public en novembre 2023, même s'il n'est pas mobilisé à la hauteur de ses espérances.
Favoriser l'accès à la vie politique
Autre sujet : l'accessibilité électorale. Des efforts sont faits, reconnaît le conseil, tant sur l'accessibilité des programmes des formations politiques que des communications publiques. Mais « trop tard », trop inégaux et « trop éloignés » des réalités des personnes. Sans parler des difficultés auxquelles se confrontent les élus en situation de handicap, dans l'impossibilité, actuellement, de mener leur mandat sans contrainte.
Cap sur l'école inclusive ?
Même chose pour les lieux de travail : « Les projets et textes élaborés jusqu'à présent sont inaboutis et inopérants », estime le CNCPH. Côté écoles et universités, le bilan est moins sévère, notamment avec le lancement d'un appel à projets à destination des universités pendant l'été 2024, dont les trois lauréats auront le rôle d'un « démonstrateur d'accessibilité ». Mais aussi avec l'enrichissement des formations initiales et continues des équipes pédagogiques sur les sujets du handicap ou encore la mise en place des plateformes de coordination et d'orientation (PCO) à destination des enfants âgés de six ans ou moins, même si « les délais d'attente restent trop importants ».
Autant d'actions déployées qui semblent aller dans le sens d'un accompagnement du handicap plus inclusif, d'une école plus inclusive. Mais, après avoir pointé le manque de coordination entre le personnel éducatif et le secteur médico-social, le CNCPH s'interroge : « Le rapport n'indique pas d'analyse qualitative sur la réalité des parcours, ni de données sur l'évolution des perceptions et des pratiques des enseignants. L'école est-elle aujourd'hui davantage inclusive dans ses pratiques ? ».
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