Dernière minute du 24 mars
Deux opérations nationales de déstockage de masques (25 millions) ont été réalisées pour répondre aux besoins des établissements de santé de référence, des professionnels de santé de ville, des professionnels du secteur médico-social (dont les personnels à domicile) et des transporteurs sanitaires.
Article initial du 20 mars
« Des masques, il nous faut des masques ! » Chez les professionnels de santé, l'inquiétude contre le manque de protection pour faire face au coronavirus s'accroît au fil des jours. Concernant « la médecine de ville, tous nos collègues médecins, infirmiers, kinésithérapeutes, tous ceux qui vont au domicile des personnes pour faire leur toilette, à manger : ils n'ont pas de masques !, s'est offusqué Philippe Juvin, chef de service des urgences de l'hôpital Georges-Pompidou à Paris, le 18 mars 2020 sur CNews. C'est absolument inexplicable. Il faut fabriquer des masques. C'est ahurissant que dans un pays comme le nôtre nous n'en ayons pas ! » Une angoisse particulièrement prégnante également dans le secteur de l'aide à domicile, grand oublié du Covid-19. Pourtant plus de 250 000 personnes accompagnent des personnes âgées ou handicapées dans leurs besoins du quotidien, au péril de leur santé.
Moins prioritaires ?
Envoyés sur le front, les auxiliaires de vie et autres aides à domicile n'ont aucune arme pour combattre cet « ennemi invisible » qui a déjà fait 372 morts le 20 mars 2020 au matin en France. Leurs patients, particulièrement fragiles, sont d'autant plus vulnérables face au coronavirus et doivent être protégés, au même titre que leurs accompagnants, maillon essentiel de la chaîne de soin, qui risquent de développer le virus et de contaminer leur entourage. Un million, c'est le nombre de masques dont ils ont besoin, par jour, pour effectuer leur travail dans des conditions optimales. Le 17 mars 2020, le ministère de la Santé avait annoncé la livraison de cinq millions de masques dans les pharmacies des régions les plus touchées. Si les aides à domicile font bel et bien partie des bénéficiaires, ils devront attendre plusieurs jours avant d'obtenir le précieux sésame, étant considérés comme moins prioritaires que les médecins et autres soignants libéraux. En attendant, pour éviter tout risque de propagation du virus, la branche a décidé de n'assurer que l'essentiel, à savoir les levers et couchers, les prises de médicaments et de repas ainsi que les toilettes, au détriment du ménage et du repassage, souvent annulés. Plusieurs entreprises ont également décidé de réduire de moitié la durée des interventions de leur personnel. En parallèle, le secteur vient de voter une hausse des salaires de 15 % et annonce un plan de recrutement de 20 000 personnes.
PSAD : une pétition pour plus de considération
Autres travailleurs de l'ombre, les prestataires de santé à domicile (PSAD), qui assurent aux patients en situation de dépendance, de handicap ou de maladie, la mise à disposition des dispositifs médicaux et des services nécessaires à leur prise en charge médicale ou paramédicale. En effet, ils ne font pas partie du système de dotation, mis en place par l'Etat, en masques et gel hydroalcoolique et ne sont pas toujours reconnus comme des professionnels de santé. Par conséquent, ils ne peuvent pas forcément bénéficier du service de garde proposés aux enfants des soignants, professionnels du médico-social et autres « personnels prioritaires à la gestion de la crise sanitaire » (article en lien ci-dessous). « Il est indispensable que nous puissions continuer à exercer notre métier dans les meilleures conditions de sécurité. Faute de moyens adaptés, il serait catastrophique d'envisager la réhospitalisation de deux millions de patients, la crise sanitaire ne serait qu'amplifiée », plaide Frédéric Cancel, dirigeant d'un Studiosanté, réseau national de coordination de soins entre l'hôpital et le domicile des patients, dans l'Oise. Selon lui, la prise en charge à domicile est une réponse à la saturation du nombre de lits en hôpital et « la solution la plus sécurisée contre le coronavirus ». « Nous demandons par conséquent les moyens de garantir la même sécurité que celle proposée aux patients en établissement de santé », ajoute-t-il. A ce titre, il lance une pétition à l'attention du Président Macron pour considérer le PSAD comme un acteur indispensable pour lutter contre la propagation du Covid-19.