« Ce n'est qu'une question de temps... » Nathalie Delphin, présidente du Syndicat des femmes chirurgiens-dentistes (SFCD) l'avait prédit.
Attendu depuis deux ans
Deux ans plus tard, les consultations blanches chez les chirurgiens-dentistes sont (enfin) prises en charge par l'Assurance maladie. Préconisés pour préparer les personnes handicapées, ces « temps d'habituation » leur permettent de se familiariser avec l'environnement du cabinet et le matériel et de rencontrer le soignant, en amont du rendez-vous dédié au soin. Elles peuvent également être utilisées pour des soins prévus qui n'ont pas pu être réalisés ou finalisés compte tenu du handicap du patient, précise le texte. Appliquée en médecine libérale depuis 2022, cette mesure était particulièrement attendue pour cette spécialité qui nécessite de grandes précautions. Elle entre en vigueur le 25 février 2024 (selon l'arrêté du 23 août 2023 approuvant la convention nationale dentaire 2023-2028), comme une « délivrance ».
5 consultations à 23 euros
Pour leur « redonner le sourire », l'Assurance maladie prendra désormais en charge cinq consultations blanches par patient, « pour une séquence de soins correspondant au plan de traitement établi », selon la convention, d'un montant de 23 euros chacune. Un tarif suffisant pour encourager les praticiens ? Auparavant, elles étaient notamment financées via des subventions de certaines agences régionales de santé dédiées au réseau RHAPSOD'IF tandis que des dentistes prenaient également sur leur temps libre, occasionnant des pertes sèches. En parallèle, des référents dentaires sont déployés dans les établissements médico-sociaux pour rassurer, toujours un peu plus, les patients avant leur examen médical et, in fine, favoriser l'accès à la santé des personnes handicapées.
D'autres forfaits associés
Bon à savoir : ces séances peuvent être associées à d'autres dispositifs, comme la consultation complexe réservée aux personnes en situation de handicap sévère, valorisée à 46 euros, ou encore le « forfait handicap » de 100 euros, précise France assos santé (100 euros de plus pour une consultation dentiste handicap).
Impact d'une mauvaise santé bucco-dentaire
50 % des personnes handicapées ont renoncé à des soins dentaires, selon une étude Ladapt/Ifop de 2022, soit 22 % de plus que la population générale. En cause, notamment ? L'appréhension face à l'anesthésie, l'attente, le manque d'accessibilité ou encore le manque de formation du praticien au handicap. Résultat : des problèmes de gencive pour 90 % d'entre elles (contre 35 % pour le reste de la population) et un déchaussement des dents pour 80 à 90 % des personnes avec un handicap mental. Or une mauvaise santé bucco-dentaire a un impact majeur tant sur la relation sociale que sur la nutrition et est également source de douleurs, qui peuvent entraîner des troubles du comportement.
Sans parler de l'impact sur la santé globale avec un risque accru de développer de nombreuses pathologies, notamment cardiovasculaires... Selon l'UFSBD (Union française pour la santé bucco-dentaire), « c'est également un frein supplémentaire à l'intégration des personnes handicapées sachant que le sourire est un passeport social au même titre que l'apprentissage ».
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