Digital : allié pour la prise en charge de la santé mentale?

À l'heure où les troubles psychiques explosent et où la psychiatrie traverse une crise, le digital a semble-t-il un rôle à jouer dans le soutien à notre santé mentale. Appli, téléconsultation... focus sur ces outils qui facilitent "l'empowerment".

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Zoom sur une main qui tient un cerveau qui semble « digitalisé ».

« Le digital, super-héros de notre santé mentale ? » C'est la question (épineuse) à laquelle Pascal Bécache, co-fondateur et directeur du développement commercial de Digital pharma lab, leader européen de l'innovation numérique en santé, tentera de répondre lors du salon MedInTechs, organisé au Parc floral de Paris, les 10 et 11 mars 2025. L'objectif est à la fois de sensibiliser le grand public, « tout en plaidant pour le maintien et l'augmentation des budgets alloués aux grands plans de santé mentale ».

Pas un substitut aux thérapies classiques, un complément !

« La santé mentale est devenue une priorité de l'État français, les jeunes, en particulier, sont de plus en plus touchés (DDD* : la santé mentale des jeunes dans un état critique?), constate Pascal Bécache. Est-ce une opportunité réelle pour le digital ? Peut-on éclairer le futur dans ces pathologies qui nous concernent tous avec le numérique ? » Spoiler alert ! Il en est convaincu : le rôle du numérique dans le soutien à notre santé mentale est capital. Et il n'est pas le seul... 66 % des Français pensent que les outils digitaux permettront d'améliorer le parcours de soin (brochure Psycom « Santé mentale et numérique »). Nota bene : ils n'ont pas pour ambition de se substituer à un psychologue ou à un autre professionnel de santé mais ils peuvent s'avérer complémentaires des approches classiques, et notamment des thérapies médicamenteuses.

Des appli « bien-être » remboursées à l'étranger

Pour rappel, selon l'Organisation mondiale de la santé, la santé mentale est un « état de bien-être qui permet à chacun de réaliser son potentiel, de faire face aux difficultés normales de la vie, de travailler avec succès et de manière productive, et d'être en mesure d'apporter une contribution à la communauté ». Pour la « booster », de nombreuses applications fleurissent chaque année sur la Toile, promettant de diminuer l'anxiété via la méditation, des exercices de respiration, du yoga ou encore de « tracker ses pensées » ou d'évacuer les pensées négatives à l'aide de différents exercices. « En Allemagne, pays précurseur en la matière, deux-tiers des applications de santé numérique remboursées concernent la santé mentale. Aux États-Unis, des employeurs paient ces applis à leurs collaborateurs », se félicite Pascal Bécache.

Un recours face à la crise de la psychiatrie ?

Un coup de pouce particulièrement salutaire pour les personnes avec des troubles psychiques, qui peuvent ainsi « mieux naviguer dans un parcours de soin complexe ». Dans son quatrième baromètre publié en 2023, l'Unafam (association spécialisée dans le handicap psychique) alerte, en effet, sur l'impact de la crise de la psychiatrie sur les patients et leurs proches : délais de prise en charge très longs, absence de soignants, ruptures de soin ou encore structures hospitalières (notamment d'urgence) peu adaptées aux cas les plus sévères (Crise en psychiatrie : les proches en première ligne). Sans compter le manque d'information délivré aux patients et à leurs proches sur les protocoles de soins et, ce, malgré leur demande...

Le web pour trouver informations et soutiens

Elles peuvent, grâce au numérique, « s'informer elles-mêmes sur le diagnostic, les traitements, les structures où trouver de l'aide, leurs droits, etc., et gagnent ainsi en pouvoir d'agir », précise l'expert. Les formations en santé (MOOC, e-learning) ou les jeux vidéo éducatifs facilitent en effet leur « empowerment ». Les blogs, forums et parfois les réseaux sociaux permettent également d'échanger entre pairs et de trouver du soutien. Idéal pour rompre l'isolement !

Gare à l'autodiagnostic !

Petit aparté mais non moins essentiel : il faut toutefois rester vigilant avec les informations qui circulent sur le web, prendre du recul et vérifier les sources. Plusieurs associations alertent notamment sur les abus de l'autodiagnostic sur les réseaux sociaux en particulier pour les troubles psychiques (Santé mentale : gare à l'autodiagnostic sur les réseaux) et les troubles de l'attention avec ou sans hyperactivité (TDAH : sur les réseaux sociaux, les abus de l'autodiagnostic). Sur TikTok, mais aussi YouTube ou Instagram, des « influenceurs en santé mentale » prodiguent leurs conseils en 30 secondes chrono. Face à eux, derrière leur portable, une armée de « followers » convaincus par effet miroir de souffrir du même trouble, sans passer par la case médicale.

Des outils pour améliorer la prise en charge

Reprenons. Outre « l'empowerment », le numérique permet donc « d'améliorer la prise en charge à plusieurs niveaux : gradation des urgences, dispatch entre la ville et l'hôpital, efficience des établissements d'accueil et de soin, suivi des patients et de leur historique, téléconsultation et téléexpertise, observance, recueil de l'expérience des patients... », liste Pascal Bécache. L'intelligence artificielle (IA) joue également un rôle cruciel, permettant par exemple de détecter de manière précoce certaines maladies mentales. « C'est effectivement un allié de poids, qui a aussi vocation à pallier le manque de ressources. Toutefois, l'objectif n'est pas de favoriser une dépendance au numérique », nuance-t-il.

Un accès à un professionnel de santé à toute heure

Des exemples d'innovations digitales au service des troubles mentaux ? « Les assistants personnels de gestion des maladies neurodégénératives pour retarder les effets psychiques ou encore les plateformes de Service d'accès aux soins, alors qu'on constate une augmentation forte des passages aux urgences et une diminution des professionnels de santé à l'hôpital », rétorque M. Bécache. Ces « SAS » constituent un service d'orientation pour les patients confrontés à un besoin de soins urgents ou non programmés lorsque leur médecin traitant n'est pas disponible. L'enjeu ? Permettre d'accéder, à toute heure et à distance, à un professionnel de santé. 

D'autres initiatives à découvrir le 11 mars

Pour découvrir d'autres initiatives en ce sens, rendez-vous le 11 mars 2025, de 16h à 16h40, au sein de l'espace « Conférences », au salon MedInTechs. Les responsables des deux plus grands tiers-lieux d'expérimentation en santé mentale (GHU Sainte-Anne à Paris et Hôpital du Vinatier à Lyon) présenteront leurs expérimentations numériques en cours portant notamment sur l'efficience, un groupe de parole entre personnes vivant avec des troubles psychiques ou encore un essai clinique sur la dépression. Un psychiatre, également startupeur, présentera ensuite une solution originale pour la gestion des émotions avec l'aide de l'IA.

Au programme du salon MedInTechs

Pour sa quatrième édition, l'ambition de MedInTechs reste inchangée : « Fédérer les acteurs de la santé, de l'innovation et les citoyens autour des révolutions technologiques, sociales, sociétales et de prévention actuelles et celles qui façonnent le futur de la santé ». 12 000 visiteurs et 300 exposants sont attendus pour « comprendre et influencer les transformations du secteur de la santé ». Au programme : 24 conférences inspirantes, des villages d'expérience et des stands interactifs pour découvrir les dernières innovations technologiques. Rendez-vous sur le site de MedInTechs pour s'inscrire et découvrir le programme complet.

© Peshkov de Getty Images

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"Tous droits de reproduction et de représentation réservés.© Handicap.fr. Cet article a été rédigé par Cassandre Rogeret, journaliste Handicap.fr"
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