Elèves dys : aménagements d'examen (encore) menacés ?

"L'utilisation des logiciels menacée pour les élèves nécessitant des besoins de compensation !", interpelle l'association Dyspraxie France dys. Elle s'appuie sur le cas d'un jeune "dys" qui s'est vu refuser l'un de ces outils lors de son examen.

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Le handicap, un « avantage » ? C'est ce que semble insinuer l'académie de Nantes, qui a refusé à Sören, un jeune homme atteint de troubles « dys », d'utiliser deux logiciels adaptés, lui permettant de compenser son handicap, pour passer son examen. Le motif : ils pourraient lui conférer un privilège par rapport aux autres élèves. Grace à une action en justice, il a finalement appris, la veille de son examen, qu'il pouvait utiliser le logiciel Géogébra mais pas question d'utiliser Cordial. « L'enjeu de l'école inclusive n'est-il pas de compenser la situation de handicap d'un élève, quelle que soit cette situation et quelles que soient les réponses apportées ? », questionne l'association Dyspraxie France dys (DFD), dans une tribune électrisée.

Des outils préconisés par les médecins

Pourquoi une telle réticence ? Selon l'association, ces deux outils sont pourtant préconisés par des professionnels de santé ayant effectué des bilans précis des capacités et incapacités des élèves. Cordial est un logiciel permettant à une personne étant dans l'incapacité de maîtriser le langage écrit d'analyser le sens des phrases pour corriger efficacement l'orthographe, la grammaire, la typographie et la stylistique des textes. Géogébra compense, quant à lui, une situation de handicap provoquée par un trouble cognitif spécifique ou un trouble moteur en proposant à un élève étant dans l'incapacité de réaliser des figures géométriques à la main de le faire via un outil informatique. Selon DFD, il est couramment accepté par l'Education nationale lors des examens. D'autre part, Sören les utilise quotidiennement, depuis le collège, y compris le jour du diplôme national du brevet. « Ces troubles ne se réparent pas mais peuvent être compensés grâce à des aides techniques », souligne l'association, encore faut-il qu'elles soient autorisées...

Suscite des interrogations

Pour l'association, le refus du rectorat pose trois questions : Sur quelle étude repose cette affirmation ? Depuis quand une compensation préconisée avantage-t-elle une personne en situation de handicap ? Quelle cohérence peut être trouvée entre la possibilité d'utiliser un logiciel de compensation toute l'année et l'impossibilité de l'utiliser lors de la passation d'un examen ? DFD « s'insurge contre cette décision rendue en dépit du bon sens et faisant preuve d'une ignorance de la situation de handicap de l'élève ». Car, même si la décision a été en partie corrigée pour Sören, qu'adviendra-t-il pour les autres, demain ? « Va-t-on supprimer l'ordinateur d'un élève n'ayant pas automatisé l'écriture manuelle sous prétexte qu'il pourrait l'avantager par rapport aux autres ou la calculatrice d'un autre qui est dans l'incapacité de retenir ses tables de multiplication en raison d'un trouble cognitif spécifique malgré un apprentissage intensif ? Ne va-t-on pas au-devant de dérives potentielles dans tous les rectorats en niant ce besoin de compensation ? »

Uniformiser les procédures

Pour éviter qu'une telle situation se reproduise, l'association demande, tout d'abord, la réalisation d'une étude sur l'utilisation des différents logiciels exploités par les candidats en situation de handicap. Elle incite également le ministère de l'Education nationale à établir, au niveau national, une liste de logiciels autorisés durant la scolarité et, par ricochet, lors des examens, « afin d'éviter les dérives locales ». Dernière requête : faire en sorte que les circulaires soient appliquées partout en France. Après avoir publié une note de service pour des mesures transitoires pour le bac 2021, la Direction générale de l'enseignement scolaire (DGESCO) prépare justement une circulaire en ce sens, afin de « mettre en cohérence les aménagements en cours de scolarité et pendant l'examen », « uniformiser les procédures sur tout le territoire (formulaire unique de demande) » et « simplifier les démarches ». Suffira-t-elle ? Selon l'association, plus que des textes, « pour que l'école inclusive devienne une réalité sur tout le territoire, elle doit se traduire par des actes concrets respectant les besoins des élèves ».

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"Tous droits de reproduction et de représentation réservés.© Handicap.fr. Cet article a été rédigé par Cassandre Rogeret, journaliste Handicap.fr"
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