Avec la Semaine européenne pour l'emploi des personnes handicapées (SEEPH) qui se profile (du 18 au 24 novembre 2024), ce sujet revient sur le devant de la scène. Cette année, une question clé : comment assurer une vraie égalité des chances dans les parcours professionnels des personnes en situation de handicap ? Et si l'entrepreneuriat était une piste de réponse ?
Le TIH, un statut qui émerge
Bien que le nombre d'entrepreneurs ait augmenté de 70 % en dix ans, cette option reste aujourd'hui marginale. « Le statut de Travailleur indépendant handicapé (TIH) n'existe que depuis 2016 », rappelle Sarah Quineau, directrice commerciale et marketing de Linklusion, startup sociale qui accompagne ce type de travailleurs. « C'est un statut peu connu des entreprises, des personnes elles-mêmes mais également des organismes publics. »
Une réponse aux difficultés de recrutement
Pourtant, beaucoup de personnes concernées préfèrent l'indépendance au salariat. Si certaines font ce choix par défaut, leurs tentatives pour trouver un emploi ayant échoué, pour d'autres, c'est une évidence car leur métier s'y prête : communication, marketing, soin, informatique ou encore des activités nées de leur handicap, comme pour les consultants en accessibilité, les référents handicap ou encore les formateurs. « Ils représentent 15 % des membres de Linklusion », précise Sarah Quineau.
Créer une activité professionnelle à son image
Pour de nombreuses raisons, l'entrepreneuriat peut être l'option professionnelle la plus viable. En effet, lancer sa propre activité permet de la façonner selon ses besoins, notamment en termes d'environnement et de rythme de travail, en tenant compte de sa fatigabilité et des rendez-vous médicaux. Pour l'adaptation du poste, les aides financières sont les mêmes que pour les entreprises. La seule différence, c'est que le TIH doit réaliser les démarches administratives lui-même. « Mais il n'a pas d'employeur à convaincre. C'est parfois la partie la plus compliquée », plaisante à moitié Sarah Quineau. D'autres aides peuvent être mobilisées, comme des accompagnements gratuits sous présentation d'une Reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé (RQTH) ou une aide financière à la création ou à la reprise d'une entreprise accordée par l'Agefiph.
Une étape formatrice
Dans d'autres cas, il s'agit d'une étape avant de signer un contrat de travail, par exemple pour les personnes éloignées du marché de l'emploi depuis longtemps, ou celles qui doivent se réorienter à la suite d'un accident ou l'aggravation d'un handicap. « Se lancer dans un projet qui les motive peut faire office de formation professionnelle. Pendant cette période, les TIH développent sur le terrain des compétences en gestion de projet, communication, marketing, qu'ils pourront ensuite valoriser lors d'entretiens d'embauche », illustre Élodie Prosperi, directrice du développement et de la recherche à Linklusion.
Des inconvénients « coûteux »
Pour autant, l'entrepreneuriat ne présente pas que des avantages, ne serait-ce que l'instabilité financière. « Tous les entrepreneurs y font face, mais c'est encore plus marqué pour les TIH, en raison de l'incapacité de travailler par périodes ou d'un handicap qui s'aggrave », explique Elodie Prosperi. Un constat mis en lumière par l'étude ENATIH, menée par H'up entrepreneurs, qui rapporte que le chiffre d'affaires moyen annuel des TIH s'élève à 20 000 euros… Un montant inférieur à celui du seuil de pauvreté, une fois les frais professionnels et les cotisations sociales prélevés. Des cotisations sociales qui ne suffisent généralement pas à couvrir les besoins des personnes. Sans parler de la retraite, beaucoup moins élevée qu'en salariat... De même, la plupart des TIH renoncent à l'idée de recevoir des indemnisations en cas d'arrêt maladie et préfèrent mettre de l'argent de côté régulièrement.
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