A Handirect Paris Nord, dans le Xème arrondissement à Paris, de gros cartons encombrent l'espace où s'affairent 4 salariés à des tâches de saisie informatique, mise sous pli ou envoi postal. Tous en situation de handicap, ils ont trouvé ici le moyen de renouer avec l'emploi. Cette société franchisée est une "entreprise adaptée" : il s'agit d'une entreprise à part entière, qui permet à des personnes reconnues travailleurs handicapés d'exercer une activité professionnelle salariée dans des conditions adaptées à leurs besoins. Pour obtenir ce statut, créé en 2005, 80% des salariés de l'entreprise doivent être en situation de handicap.
Entreprises adaptées : un tremplin
A Handirect Paris Nord, les 4 salariés sont reconnus travailleurs handicapés. Et l'entreprise a su trouver les moyens d'intégrer cette spécificité. "Nous sommes une structure à taille humaine", explique Valérie Bondoux, qui co-gère l'entreprise avec son mari. "Nous passons près de la moitié de notre temps à encadrer les salariés", précise-t-elle. Ici, la pression est moindre que dans une entreprise ordinaire. "On leur laisse plus de temps" pour réaliser leurs tâches, détaille-t-elle. Pour compenser une productivité nécessairement plus faible, l'Etat octroie des aides financières aux entreprises adaptées. "Le fait que des personnes reconnues en situation de handicap aient un emploi, qu'elles soient en CDI, c'est une reconnaissance sociale, cela veut dire qu'elles peuvent être 'comme tout le monde'", estime Valérie Bondoux. "Les entreprises adaptées représentent pour elles un tremplin, c'est une manière de reprendre pied dans l'emploi", ajoute-t-elle.
Nawal, 27 ans, malentendante
Nawal, 27 ans, est malentendante. Avant d'être reconnue en situation de handicap, elle avait enchaîné plusieurs missions, en intérim, CDD ou contrat d'insertion. "Au début, travailler chez Handirect, ça m'a fait bizarre, je pensais que les gens ici étaient un peu spéciaux, témoigne-t-elle. Désormais, cela ne lui pose "plus de problème". "Je suis bien ici", assure-t-elle, même si elle se plaît à imaginer un avenir au Maroc, où elle monterait un restaurant avec son mari : "Je sais que je suis capable".
Cécile, 38 ans, troubles de la mémoire
Cécile, 38 ans, est plus fataliste. "Je suis ici parce que je n'ai pas trouvé ailleurs", dit-elle. "Je ne suis pas assez rapide pour les autres entreprises, je ne peux pas suivre le rythme". Atteinte d'une anomalie neurologique, elle souffre notamment de troubles de la mémoire. Elle rêverait de travailler dans un refuge pour animaux, mais sait qu'elle ne pourra jamais obtenir le diplôme requis. "Ici, je gagne de quoi payer le loyer, EDF, les courses et le vétérinaire", affirme-t-elle. Les salaires dans les entreprises adaptées ne peuvent être inférieurs au Smic.
Priorité à la qualité et au prix
"Certains de nos clients sont sensibles au fait que l'on emploie des personnes handicapées, mais ce qu'ils regardent en premier, c'est le prix et la qualité", assure Valérie Bondoux. Les PME et les grandes entreprises ont la possibilité de sous-traiter certaines de leurs activités auprès d'établissements faisant travailler des personnes handicapées. Cela leur permet de réduire le montant de la contribution à laquelle elles sont soumises depuis 2005 si elles n'emploient pas, comme la loi les y oblige, de personnes handicapées. "Le fait que nos clients payent une taxe en moins lorsqu'elles passent par nous est un plus, c'est la cerise sur le gâteau", se réjouit Nathalie Gerrier, à l'origine de la première entreprise Handirect, créée il y a 18 ans, qui depuis a fait des petits, avec 18 agences franchisées. Handirect compte aujourd'hui plus de 1.200 clients en France. Sur 85 salariés, 65 sont en situation de handicap.