Impossible de dialoguer avec une personne qui parle en langue des signes lorsqu'on ne la connait pas ? La communication pourrait bientôt être facilitée par une innovation inédite. L'université britannique du Surrey est en effet en train de plancher sur un système capable de traduire la langue des signes britannique (BSL) vers l'anglais écrit.
Traduire des émotions
Un défi complexe puisque, quel que soit le pays, c'est une langue à part entière qui possède sa propre grammaire, sa propre syntaxe et emploie un ordre des mots différent, et utilise, en même temps, plusieurs parties du corps pour exprimer une vaste gamme des phrases, d'idées et d'émotions. L'ordinateur devra ainsi être capable non seulement d'analyser et de reconnaître le mouvement et la forme de la main mais également l'expression du visage et la posture corporelle de la personne qui signe. Il aura ensuite la tâche de restituer ce langage en anglais écrit, puis en traduction orale.
Permettre le dialogue sourds-entendants
Cette recherche du nom d'ExTOL, porté par le Centre for vision speech and signal processing (CVSSP) et doté d'un peu moins d'un million de livres sterling, va s'appuyer sur l'expertise des linguistes du Centre de la surdité et recherche sur le langage de l'University College de Londres et des ingénieurs en logiciel spécialisés dans la vision par ordinateur de l'Université d'Oxford. Richard Bowden, professeur à l'Université de Surrey, a déclaré : « Nous croyons que ce projet sera considéré comme un jalon important pour les communications sourds-entendants, permettant à la communauté sourde de participer pleinement à la révolution numérique ». Les personnes engagées au sein du CVSSP sont si passionnées par la langue des signes qu'ils ont tous appris à signer.
D'autres projets en cours
Ce système de traduction automatique est défine par l'université du Surrey comme « une première » et pourrait s'adapter à la traduction de toutes les langues des signes parlées dans le monde. Depuis quelques années, plusieurs équipes de chercheurs sont à pied d'oeuvre dans ce domaine. Un gant intelligent, pourvu de capteurs, offre par exemple la possibilité de rédiger SMS et e-mails sur un smartphone sans avoir à taper sur un clavier mais en utilisant le langage des signes ; chaque mouvement est alors traduit en texte. Des bagues sont également en test qui permettent de restituer, en simultané, les mouvements de mains et de doigts de l'utilisateur en voix que l'interlocuteur peut entendre via un haut-parleur intégré dans un bracelet (article en lien ci-dessous). Des chercheurs de l'université d'Aberdeen, en Ecosse, ont également mis au point un prototype qui permet de restituer les signes en texte dès 2013 (article en lien ci-dessous). Mais le projet ExTOL propose une formule plus complète qui prend également en compte les expressions du visage qui expriment les nuances de la langue des signes et lui donnent tout son sens.