Elisabeth, mère de Romain, et Jennifer, sœur de Morgan, débuteront une grève de la faim le lundi 19 juin 2017, à 9 h, place de la République, à Paris. Toute la semaine, peut-être plus. Mais elles ne seront pas seules… Ce sera ensuite au tour de Céline à Agen puis de Jean-Michel et Sylvie à Villeneuve-sur-Lot, de Karine à Albi... Au total, huit personnes vont se relayer dans cette grève de la faim « solidaire ».
Une grève de la faim solidaire
Leur revendication ? Interpeller le Président de la République et son gouvernement sur les « défauts d'accompagnements, de prises en charge et places dans de petits établissements adaptés et à taille humaine qui poussent les familles à des actes terribles de désespoir ». On doit cette initiative au Collectif Emilie, qui accompagne des parents d'enfants handicapés, et à plusieurs associations* ; ils ont décidé, par cet acte désespéré, d'apporter leur soutien à Elisabeth et Jennifer qui ont envoyé des lettres à Emmanuel Macron et son gouvernement, restées pour le moment sans réponse. Le mot d'ordre de cette mobilisation : « Cessez l'indifférence face à la différence ».
Lettre ouverte au Président
Dans une lettre ouverte adressée le 14 juin 2017 au Président de la République, sont cités les cas de Morgan jeune autiste de 23 ans dans les Landes, Romain jeune autiste de 15 ans dans le Val de Marne, Donovan en situation de handicap grave dans les Landes, Lucas enfant autiste de 3 ans dans les Pyrénées-Atlantiques. Tous sont en attente de places et de solutions. Comme tant d'autres… Depuis des mois, ces familles sont accompagnées et aidées par le Collectif Emilie. « Jusqu'alors, des échanges et un travail collaboratif étaient possibles avec l'ancien gouvernement et l'Elysée, précise la lettre. Depuis votre élection et la mise en place des différents ministères, nous n'avons, comme seul retour, qu'une chape de plomb lourde de sens et de conséquences. » Cette grève de la faim est une réponse aux « portes closes et à l'inertie ». Les signataires affirment : « Nous ne l'annulerons pas ».
Le feu qui couve
Pas question, selon ses rédacteurs de se contenter de « réponses polies et courtoises, d'une langue de bois politicienne ou d'hypothétiques promesses pour éteindre le feu qui couve ». Et de rappeler à Emmanuel Macron qu'il s'est « publiquement engagé en faveur du handicap », défini comme l'une des priorités de son quinquennat. Ils exigent maintenant des « actes forts et immédiats ». « Les politiques d'austérité menées jusqu'alors et l'absence totale d'une vraie politique du handicap ont conduit des parents à mettre leur vie en danger en escaladant des grues en signe de protestation, d'autres à mettre fin à leurs jours », poursuit la lettre. Elle interroge : « Combien de larmes de rage et de désespoir des milliers de familles ? ».
Appel à la mobilisation générale
Face à ce constat, le collectif durcit le ton et entend veiller durant l'intégralité du prochain quinquennat « à ce qu'une vie citoyenne, digne et juste soit applicable à tous et ne fasse pas l'objet d'une simple promesse électorale et d'une opération de communication avec la nomination, en tant que secrétaire d'Etat, d'une maman d'une enfant trisomique ». En conclusion, cette lettre ouverte appelle tous les citoyens qui se reconnaissent dans cette lutte à la mobilisation générale. Elle a déjà reçu le soutien de plusieurs personnalités politiques.
Le cabinet du secrétariat d'Etat chargé des Personnes handicapées a été aussitôt alerté sur le sujet et est en train de traiter la situation. Il a contacté les personnes concernées.
* Autisme écoute et partage, DSF 47 et Handignez-vous!