Dotées d'1,5 milliard d'euros, ces 50 000 solutions nouvelles promises d'ici 2030 seront « tournées vers l'insertion en milieu ordinaire, fournissant un accompagnement adapté, tout en réduisant les tensions dans les départements les moins dotés, notamment en Ile-de-France et dans les territoires ultra-marins », selon Gabriel Attal qui réaffirme sa feuille de route à l'occasion de son premier Comité interministériel du handicap le 16 mai 2024 (Comité interministériel du handicap 2024 : quoi de neuf?).
Quel calendrier ?
Dès l'automne 2023, des crédits ont été attribués aux agences régionales de santé (ARS). La ministre chargée des Personnes handicapées, Fadila Khattabi, a installé, en décembre 2023, un comité national de pilotage de la transformation de l'offre qui se réunit deux fois par an pour suivre le travail engagé sur le terrain. Le prochain aura lieu en juillet 2024. L'ensemble des diagnostics territoriaux seront achevés au printemps 2024. Des appels à projets ont été lancés pour faire émerger une offre nouvelle dès cette année : l'Ile-de-France avec le plan Inclus'IF 2030, la Normandie avec Normhandi'cap et la région PACA avec PAC'Ambition. Pour l'Ile-de-France, 2 000 solutions sont ainsi déjà programmées.
Dans les temps ?
Le gouvernement se dit « dans les temps » même s'il consent qu'il doit « redoubler d'efforts pour être au rendez-vous sur tous les territoires ». Pour l'Unapei, les choses ne sont pas si fluides. Selon cette association dédiée aux personnes avec un handicap mental, il n'y a « pas de concertation, pas de transparence, pas de calendrier », assurant que « certains acteurs au sein des ARS ne sont même pas au courant » et déplorant des « situations très disparates d'une région à l'autre ». Elle ajoute que « les ouvertures porteraient davantage sur la finalisation de projets déjà en cours et l'extension de places dans des établissements existants plutôt que sur des créations ex nihilo ».
Des publics prioritaires
Ce plan cible en priorité les personnes polyhandicapées, vivant avec des troubles du neurodéveloppement, les enfants relevant de l'aide sociale à l'enfance (ASE), les personnes handicapées vieillissantes, les jeunes adultes vivant en établissement pour enfants et les personnes avec un handicap psychique. Pour l'Unapei, l'urgence est de se préoccuper des « cas les plus complexes », liés pas seulement aux handicaps les plus lourds mais également au défaut de soutien. C'est par exemple le cas des enfants confiés à l'ASE, dont 30 % seraient en situation de handicap sans qu'ils ne soient forcément identifiés, laissant ses professionnels, non formés à ce public, particulièrement démunis.
Les cas complexes sur la touche ?
L'association observe que son accompagnement s'oriente à l'avenir vers ces cas les plus complexes avec néanmoins des budgets inadaptés à des profils qui exigent des renforts en moyens humains. L'Adapei 69, par exemple, historiquement ciblée sur ce public, n'a plus l'étayage professionnel et technique suffisant pour prendre en charge certains résidents, par exemple des personnes autistes sévères lors d'épisodes de crise alors même que la psychiatrie, en crise elle aussi, répond aux abonnés absents. Face à l'urgence, « Le défi des situations complexes », c'est justement le thème du Congrès annuel de l'Unapei organisé du 12 au 14 juin à Tours, où seront présentées des solutions innovantes comme un dispositif pour enfants polyhandicapés en Bourgogne.
Pénurie de personnel
Reste un point critique… La pénurie de personnels sans précédent qui alimente depuis trois ans une crise profonde dans le « secteur des métiers de l'humain ». Dans le Loiret, une unité de l'Unapei dédiée a vu démissionner six de ses neuf salariés à cause de la trop grande pénibilité du travail et de salaires insuffisants. 50 000 solutions de plus quand 50 000 salariés manquent à l'appel ?
© X Fadila Khattabi