Par Vanessa Carronnier
"Le sport m'a donné envie de me reconstruire", témoigne auprès de l'AFP Emilien Chedeville, 22 ans, devenu paraplégique après un accident en 2021. Au départ, ce passionné tâtonne toutefois pour trouver une structure qui puisse l'accueillir. Ses études à Bayonne terminées, il décide de s'installer à Montauban pour se rapprocher de sa famille et rejoindre un club où il peut reprendre le rugby, en fauteuil. Depuis, il s'est aussi lancé dans le basket-fauteuil, le wakeboard et le handiski.
Le handiguide des sports : annuaire en ligne
Pour trouver un club de para sport, les personnes intéressées peuvent se tourner vers leur mairie ou consulter le handiguide des sports, annuaire en ligne qui recense les structures sportives accueillant des personnes handicapées (Handiguide : quelle offre sportive en cas de handicap ?). Il y a 20 ans, c'était "un parcours du combattant pour trouver un club adapté à son handicap dans la discipline qu'on voulait", décrit auprès de l'AFP Aude Moulin Delalande, responsable sport au sein de l'association APF France handicap. "La situation a sensiblement évolué, même si elle n'est pas parfaite."
1 536 clubs affiliés au sport adapté
Depuis la loi du 11 février 2005 qui prévoit la "participation" à la vie en société des personnes handicapées, le nombre de clubs sportifs formés à l'accueil de ce public s'est nettement développé. La Fédération française du sport adapté compte aujourd'hui 1 536 clubs affiliés pouvant accueillir des personnes en situation de handicap mental ou psychique, contre 603 en 2005. "Il faut continuer d'œuvrer pour que ces personnes aient le même choix que les autres", estime auprès de l'AFP Laure Dugachard, directrice technique nationale par intérim de cette fédération. Pour cela, il faut, selon elle, poursuivre les formations dans les clubs ordinaires.
Des transports encore peu accessibles
De son côté, la Fédération française handisport recense 1 574 structures pouvant entraîner des sportifs avec un handicap physique, contre 1 041 en 2010. "Les clubs se sont développés de façon inégalitaire sur le territoire, parfois le club le plus proche de chez soi reste éloigné", reconnaît auprès de l'AFP Ludivine Munos, vice-présidente déléguée. Pour s'y rendre, "il faut aussi un mode de transport accessible", aux horaires qui correspondent à ceux de l'entraînement. Un service qui n'est pas disponible partout, alors que la loi du 11 février 2005 prévoyait de rendre les transports collectifs accessibles sous dix ans.
Des obstacles au sein des équipements sportifs
À Nantes, Marc Verove, 61 ans, amputé d'une jambe, se rend en voiture à ses entraînements de rugby XIII fauteuil. C'est surtout à l'intérieur du gymnase qu'il se trouve en difficulté : "Mon fauteuil de sport ne passe pas les portes, trop étroites, je ne peux pas aller aux vestiaires avec". Résultat, il doit amener un fauteuil classique en plus. "Il faut toujours qu'on se débrouille", regrette-t-il. D'après la loi, les équipements sportifs, qui font partie des établissements recevant du public (ERP), devraient être accessibles à tous, mais c'est encore loin d'être le cas (ERP non accessibles : la "grande faillite de l'Etat"?).
L'autocensure, principal frein à la pratique
Outre les obstacles liés à l'accessibilité, le Collectif handicaps estime que l'autocensure reste l'un des principaux freins à la pratique d'une activité sportive des personnes handicapées, qu'elle soit liée à "un manque de moyens financiers" ou à "une crainte du regard des autres". Lorsqu'il a voulu reprendre la natation, Jean-Marc Augereau, 61 ans, devenu hémiplégique à la suite d'un AVC, s'est demandé s'il allait "y arriver". Au club de natation handisport de Montauban, "j'ai rencontré des camarades avec des parcours similaires au mien", ce qui aide à "désinhiber certaines appréhensions", explique-t-il à l'AFP. Il a aujourd'hui la "satisfaction" d'être parvenu à reprendre le sport.
Une pratique 2 fois plus importante chez les "valides"
En 2020, 32 % des personnes handicapées de 15 ans et plus ont déclaré avoir eu une activité sportive une fois par semaine en moyenne au cours de l'année passée, contre 65 % parmi l'ensemble de la population, selon un rapport de l'Institut national de la jeunesse et de l'éducation populaire (Injep), publié fin 2024.
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