Plus d'un million de salariés sont concernés chaque année par des demandes d'aménagement de poste de travail, à cause de leur handicap ou d'une maladie chronique. Et plus d'une dizaine de milliers d'entre eux sont déclarés inaptes, avec bien souvent un licenciement à la clé, selon l'Agence nationale pour l'amélioration des conditions de travail (Anact). Un phénomène en augmentation d'après Dominique Lhuilier, professeure émérite au Centre de recherche sur le travail et le développement (au sein du CNAM à Paris), qui s'explique par plusieurs facteurs : le recul de l'âge de la retraite, le vieillissement de la population active, une plus grande reconnaissance des troubles psychiques au travail…
Un guide pour les TPE-PME
Grand objectif des plans de santé publique successifs depuis 2018, la « prévention de la désinsertion professionnelle » fait l'objet d'un guide de 19 pages publié le 25 août 2022 par l'Anact (à télécharger en lien ci-dessous). Il est le fruit de quatre années d'expérimentation suite à un appel à projets financé en 2018 par le Fonds pour l'amélioration des conditions de travail (Fact). Objectif : aider les TPE-PME à mieux appréhender les enjeux de santé au travail et « engager des actions innovantes privilégiant une approche globale et concertée ». Vingt-et-un porteurs de projets ont répondu à l'appel de l'Anact et ont rendu leurs conclusions, inspirées de leurs expériences de terrain.
Sensibiliser aux risques de santé
A chaque difficulté soulevée, une solution proposée. « Les porteurs de projets le constatent unanimement, il existe dans le champ de la prévention de la désinsertion professionnelle une pluralité d'acteurs. Elle peut générer des cloisonnements à différents niveaux qui freinent les coopérations », affirme en premier lieu l'Anact. La plupart des structures interrogées plaident pour une approche collective et « la force de partage entre pairs ». Dans le Périgord par exemple, le Service interentreprises de santé au travail a conçu une plateforme téléphonique d'informations à destination des salariés et des employeurs « pour mieux les orienter vers les acteurs adéquats ». Autre piste d'action : une meilleure sensibilisation des risques de santé. C'est ce que promet l'association AFT qui a conçu un kit pour prévenir les conduites addictives dans les entreprises du transport et de la logistique. Dernière recommandation, l'élaboration d'études et de statistiques sur les métiers et leurs impacts sur la santé. La méthode a été éprouvée par l'Admr des Pays de l'Orne, un réseau de services à la personne, où les jours d'arrêt de travail et les licenciements pour inaptitude se sont succédé depuis 2017. Une étude portant sur l'itinéraire professionnel des personnes atteintes d'asthme selon le genre a ainsi révélé « un itinéraire plus défavorable pour les femmes », majoritairement touchée par cette maladie chronique des bronches. Résultat, l'entreprise a engagé une réorganisation des conditions de travail, évitant la fameuse désinsertion professionnelle tant redoutée.