Handicap international a plaidé le 23 septembre 2022, à l'occasion de la 28e édition des pyramides de chaussures, pour un encadrement de l'usage des armes lourdes dans les zones peuplées, comme en Ukraine, "dernier exemple en date du désastre que représente l'urbanisation des conflits armés". Cet évènement annuel de sensibilisation sur les ravages des bombes et des mines sur les civils, interrompu pendant la pandémie, a pour point d'orgue, le 24 septembre, deux pyramides à Paris et Lyon, où siège l'ONG fondée en 1982.
Appel à la mobilisation citoyenne
"Il faut imaginer sur une place (du centre d'une grande ville, NDLR) ce que ça représente des bombardements aériens, des attaques à l'artillerie lourde. Personne n'imagine ça ici, ni place Bellecour à Lyon, et pourtant c'est ce qui se passe tous les jours en Ukraine, au Yémen et en Syrie", a expliqué à Paris Baptiste Chapuis, chargé de plaidoyer pour l'ONG internationale. "La mobilisation citoyenne doit retrouver du sens. Jeter une chaussure ici, signer une pétition", cela a "un poids politique", a-t-il poursuivi en marge de l'évènement.
Education aux risques
Olga Savchenko, responsable en Ukraine de la campagne d'éducation aux risques liés aux munitions explosives menée par Handicap international, est également venue témoigner du caractère "indiscriminé" des attaques et du stress généré pour la population. "Les écoles peuvent être visées, tout comme les coins où les gens vont chercher les champignons, ou ceux où ils vont pêcher. Il peut y avoir des zones grandes comme des terrains de football recouvertes de petits bouts d'armes à sous-munition, qui peuvent ressembler à des feuilles. Nous distribuons notamment des dépliants et des affiches pour expliquer, aux enfants en particulier, qu'il ne faut rien toucher", a-t-elle souligné. Au moins huit des 24 provinces d'Ukraine ont été frappées par des bombes à sous-munitions selon l'ONG, et s'il est pour l'heure impossible de cartographier les zones contaminées du fait des lignes de front actives et mouvantes, environ 200 000 km2 le sont et "il faudra des années pour déminer", a estimé Mme Savchenko.
Un accord pour encadrer l'usage des armes
Selon Handicap, la mobilisation de la société civile est d'autant plus nécessaire que doit être signé en novembre à Dublin un accord international pour encadrer l'usage des "armes les plus lourdes et les plus imprécises" dans les zones urbaines et peuplées. "La France, les Etats-Unis et la Grande-Bretagne, notamment, doivent joindre la parole aux actes, et signer et appliquer cet accord international", a plaidé M. Chapuis. Les mines antipersonnel, les "restes explosifs de guerre" et les "mines improvisées" ont tué en moyenne 19 personnes chaque jour en 2020, selon le dernier pointage de l'Observatoire des mines. Ni la Russie ni l'Ukraine n'ont adhéré à la convention interdisant les armes à sous-munitions.