Handicap psy : la pénurie de quétiapine sème l'inquiétude

Des patients au bord de la crise de nerfs, d'autres menaçant de mettre fin à leurs jours... La pénurie d'un antipsychotique vital crée une vive inquiétude parmi les patients concernés et leurs proches. L'Unafam tire la sonnette d'alarme.

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Pilule blanche de quétiapine (50g).

« Pour mon époux, il n'y a pas d'alternative. C'est la quétiapine ou rien. » Sur la page Facebook de l'Union nationale de familles et amis de personnes malades et/ou handicapées psychiques (Unafam), les commentaires de proches inquiets vont bon train depuis plusieurs semaines. En effet, l'association alertait le 5 février 2025 sur une « pénurie majeure de quétiapine en France », pour tous les dosages, sur le princeps et les génériques, sur tout le territoire. Ce médicament, commercialisé sous les noms Xeroquel, Seroquel, Sequase, Ketipinor est un antipsychotique de seconde génération utilisé en cas de troubles bipolaires, de schizophrénie ou encore de dépression résistante. Un médicament vital, donc. 

Un problème de production chez un fabricant grec

« Cette situation entraîne une détresse inédite pour tous les acteurs concernés, d'autant qu'elle n'a pas été anticipée », dénonce l'Unafam. En effet, l'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) informait le 30 janvier 2025 de fortes tensions d'approvisionnement sur tous les dosages (50 mg LP, 300 mg LP et 400 mg LP) en raison d'un problème de production rencontré par le fabricant grec Pharmathen international, qui produit ce médicament pour plusieurs laboratoires. L'ANSM explique ainsi qu'un « contingentement quantitatif et l'arrêt des exportations par les grossistes répartiteurs ont été mis en place ».

Quelles conduites à tenir ? 

Pour faire face à ces difficultés d'approvisionnement, l'ANSM a divulgué sur son site plusieurs « conduites à tenir ». Pour les médecins, il s'agit de prescrire « une alternative thérapeutique » au moment d'initier un traitement et même « également pour les patients en cours de traitement, dès que cela est possible », « sauf en cas d'épisode dépressif caractérisé dans le cadre d'un trouble bipolaire ». Les pharmaciens doivent distribuer le traitement à l'unité ou, lorsque celui-ci n'est pas disponible, proposer des préparations magistrales, notamment pour la quétiapine en libération immédiate. Des monographies, avec la marche à suivre précise, ont été publiées sur le site de l'ANSM. Enfin, l'agence a également fait appel au mécanisme européen de solidarité volontaire, qui permet d'appeler à la rescousse des États membres dans ce genre de contexte. 

Une dégradation de la santé mentale

Face à une situation qui reste inchangée depuis plusieurs semaines, l'Unafam tire la sonnette d'alarme, par la voix de sa présidente, Emmanuelle Rémond. Elle craint « qu'un changement brutal de molécule ou de dosage multiplie par trois le risque de rechute, et par deux le risque d'hospitalisation en psychiatrie ». « Certains patients nous ont déjà alertés d'une dégradation de leur santé mentale, à l'annonce d'une probable rupture de stock. Certains sont très angoissés, d'autres ne dorment plus. » Et c'est sans compter la vive inquiétude de leur famille. « L'an dernier nous avons eu aussi des soucis avec le lithium. C'est angoissant autant pour les proches que pour les patients », indique l'une d'entre elles. Une patiente confie avoir « des idées noires très sérieuses. Imaginer un seul instant ce que je vais vivre. Pour moi si cette vie doit se résumer à décompenser encore plus, elle ne vaut déjà plus le coup » (sic). Doit-on rappeler que 20 % des personnes avec des troubles bipolaires non traités décèdent par suicide ?

Des pénuries médicamenteuses en forte augmentation

D'après Emmanuelle Rémond, « ces circonstances exceptionnelles reflètent des défaillances », face à des pénuries médicamenteuses qui ne font qu'augmenter. Selon France assos santé, 37 % des Français ont été confrontés à une pénurie de médicaments en pharmacie en 2023, contre 25 % l'année précédente. En cause ? Une hausse de la demande mondiale en médicaments sans que les capacités de production aient augmenté, une chaîne de production fragilisée par sa fragmentation, des défauts de rentabilité, une connaissance des stocks insuffisante pour assurer un pilotage agile et efficace… L'Unafam réclame une « réponse immédiate des autorités » et une meilleure anticipation de ces problématiques de santé publique à l'avenir. 

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"Tous droits de reproduction et de représentation réservés.© Handicap.fr. Cet article a été rédigé par Clotilde Costil, journaliste Handicap.fr"
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