« Il y a sûrement du voyeurisme, il ne faut pas se le cacher. Mais je n'y prête pas attention et je me dis : 'Plus on verra les personnes différentes, plus on les acceptera parce qu'elles seront devenues communes' ». Catherine Inacio a 45 ans et, depuis presque 20 ans, elle sillonne la France les week-ends pour se produire en boîte de nuit en tant que gogo danseuse. Elle a fait de sa différence de taille (elle mesure un mètre) sa plus grande force. Elle raconte.
Passionnée depuis l'enfance
Elle a passé son enfance et son adolescence à danser et faire la fête, devant ses parents à côté de la télévision ou avec ses ami(e)s en discothèque. À 26 ans, lors d'une sortie en boîte de nuit, alors qu'elle danse sur un podium, elle se fait remarquer par un organisateur de soirée qui lui propose de devenir gogo danseuse. Elle accepte. « Ça ne me dérange pas d'être regardée, j'ai l'habitude depuis que je suis toute petite. Je me suis dit : autant qu'on me regarde pour quelque chose ! ». Depuis, elle fait des tournées dans toute la France et en Suisse.
Monde de la nuit : un regard différent
Elle découvre le monde de la nuit dans le cadre professionnel, un monde désinhibé, avec moins d'à priori et de préjugés. Le tabou sur la différence vole en éclat. Lors de ses représentations, le staff prend soin d'elle, avec bienveillance. Catherine revendique le fait que sa différence est une force mais admet aussi qu'il faut avoir une grande confiance en soi et un caractère fort pour arriver à s'imposer dans ce milieu. Entre danseurs, l'ambiance est bonne. Ils ont vite compris que Catherine était avant tout une fêtarde et une bonne vivante, toujours partante pour rire et s'amuser. « Les garçons sont super contents quand ils peuvent me porter, c'est même un fantasme pour eux. Après, on en rigole tous ensemble », explique-t-elle.
Quelques difficultés
Catherine a le vertige, le comble pour une gogo danseuse. Certains régisseurs lui ont proposé des tableaux qu'elle a dû refuser, sa phobie l'emportant sur son plaisir de danser. Malgré tout, elle se prête volontiers au jeu quand elle peut et s'est déjà retrouvée à deux mètres au-dessus du sol dans une boule de verre ou encore sur le dos d'un échassier traversant la piste de danse. D'autres ont conçu un podium adapté à ses besoins, taillé sur mesure. Parce que le choix des costumes est délicat, Catherine s'est, depuis peu, lancée dans la couture pour pouvoir les confectionner elle-même.
Un avenir artistique
Elle a toujours refusé d'intervenir dans des enterrements de vie de garçon, où elle estime n'avoir pas sa place. Aujourd'hui, c'est l'une des seules femmes de petite taille à se produire et elle compte bien poursuivre cette belle aventure. Même si elle avoue que les occasions se font plus rares au fil du temps et que cette activité lui prend pas mal d'énergie, elle l'apprécie toujours autant. Elle a d'autres rêves, comme celui de se lancer dans le cinéma. Un regret ? Une société trop fortement ancrée sur l'image. Alors, elle donne de sa personne pour faire bouger les choses puisqu'elle est également déléguée de l'Association des personnes de petite taille (en lien ci-dessous) pour les régions de Rhône-Alpes/Savoie et Provence-Alpes-Côte-d'Azur. Elle intervient par ailleurs dans les établissements scolaires afin de sensibiliser les plus jeunes à l'acceptation de la différence. Tout un programme !