Rentrer dans le monde de l'entreprise dans un "contexte valorisant et non misérabiliste": 19 personnes handicapées ont participé à un jobdating le 17 novembre 2014 à Paris, pour trouver un emploi d'informaticien, vendeur ou hôtesse d'accueil. Le rendez-vous a été organisé par l'Association pour l'insertion sociale et professionnelle des personnes handicapées (Adapt), en ouverture de la 18e
Semaine de l'emploi des personnes handicapées.
L'espoir d'un CDI
Ferhat-Mounir Mimoun, titulaire d'un Master II en informatique et handicapé, a perdu son poste à la suite de graves problèmes financiers au sein de son entreprise. Il n'a pas pu se réinsérer depuis. "Il faut voir les choses de manière positive et être convaincu que les recruteurs sont avant tout à la recherche de compétences", affirme-t-il à l'occasion de son premier "jobdating", grâce auquel il espère décrocher un CDI. Pour Amandine Fuchs, également handicapée, qui a entamé un MBA de logistique en reprise d'études, ces entretiens sont l'occasion d'une "nouvelle approche". "Après mon diplôme en administration publique et ma maîtrise en sciences politiques, j'ai travaillé dans le domaine des assurances mais je n'évoluais pas". Par le biais du "jobdating", elle espère pouvoir prétendre à un poste avec "plus d'enjeux".
6 entretiens de 12 minutes
Après une pré-sélection attentive, les différents candidats ont été convoqués par l'Adapt pour rencontrer les recruteurs de plusieurs grandes entreprises, telles que BNP Paribas ou Siemens. Au cours de la matinée, chacun d'entre eux a enchaîné une série de six entretiens de 12 minutes, sur le principe du "speed dating", ces rencontres consacrées généralement à la recherche d'un partenaire sentimental. Pour Gaëlle Aubry, de Médiamétrie, société spécialisée dans la mesure des audiences et recruteur potentiel, ce rendez-vous est l'occasion de "vivre un très bon relationnel" avec les personnes handicapées en recherche d'emploi. "Pour nous, il est important de s'engager dans ce type de démarche, y compris en interne, explique la jeune femme, et nous menons plusieurs actions pour tenter d'enlever les préjugés auprès de nos collaborateurs".
Plusieurs success stories
Selon l'Adapt, qui organise des jobdatings depuis plusieurs années, près de 60% des participants ont retrouvé le chemin de l'emploi, après y avoir rencontré des recruteurs. "Ils n'ont pas nécessairement trouvé un travail à l'issue de cette rencontre, mais ils ont pu échanger, prendre des cartes de visites, se relancer dans une nouvelle dynamique", détaille Sophie Cabanes, responsable presse de l'association. Plusieurs "success stories" en témoignent. Benjamin, 23 ans, titulaire d'un BTS Relations clients et atteint d'un handicap visuel, a vu son CDD se transformer en CDI après que le groupe de protection sociale Malakoff Médéric lui a laissé sa chance. "Depuis un an, je me suis même vu confier la responsabilité de piloter seul un projet", raconte-t-il, évoquant avec enthousiasme les missions qui lui sont proposées.
Un contexte valorisant pour le salarié
Pour garantir la réussite de ces entretiens, "il faut que tout soit très bien préparé", relève Emmanuel Constans, président de l'Adapt. "Il faut renverser complètement la perspective, poursuit-il, ce n'est pas le demandeur d'emploi qui va vers le recruteur, mais bien l'inverse, dans un contexte valorisant et non misérabiliste". "Il faut alerter et continuer de se mobiliser", soutient encore Emmanuel Constans, alors que les données sur l'emploi des personnes handicapées sont alarmantes en raison de la crise. Fin juin, la France comptait 427 947 demandeurs d'emploi handicapés, une hausse de 10,6% sur un an, soit deux fois plus rapide que la hausse de l'ensemble des chômeurs (+5,2%), selon le dernier bilan de l'Association de gestion du fonds pour l'insertion professionnelle des personnes handicapées.
Pour le président de l'Adapt, "il faut encourager les entreprises qui font le plus d'efforts pour sécuriser les parcours des personnes handicapées et s'inscrire dans la durée". L'Adapt, qui a créé cette semaine de sensibilisation, l'a axée en 2014 sur "la sécurisation des parcours", de la scolarisation à la vie professionnelle.