Maladie répandue mais dont on parle peu, la dermatite atopique (ou eczéma atopique) impacte significativement la vie des 25 millions de Français qui ont déjà été affectés par cette inflammation chronique de la peau au cours de leur vie. Comment en venir à bout ? Le treizième symposium (congrès scientifique) dédié dévoilera les dernières avancées thérapeutiques du 31 août au 2 septembre à Gdansk, en Pologne, en amont de la Journée mondiale le 14 septembre 2023. Autres enjeux ? Répondre aux controverses et fournir les clés de l'éducation thérapeutique. Rendez-vous sur le site de l'évènement pour s'inscrire à la version digitale. En attendant, le réseau de recherche clinique sur la dermatite atopique Fraden, labellisé F-Crin*, fait le point sur les traitements innovants disponibles.
2e maladie cutanée
Pour exterminer l'ennemi, encore faut-il le connaître... La dermatite atopique, c'est quoi ? Deuxième maladie cutanée derrière l'acné, elle est responsable de douleurs et de démangeaisons intenses, de lésions cutanées visibles (rougeurs et surélévations de la peau, croûtes...). Ces atteintes physiques peuvent engendrer une détérioration de l'état psychologique ou encore des troubles du sommeil. Souvent lié à des antécédents familiaux, l'eczéma survient la plupart du temps très tôt, dès l'âge de trois mois, et peut persister jusqu'à l'âge adulte sous forme de poussées entrecoupées de périodes de rémission. Ainsi, elle touche 15 % des enfants contre 4 % des adultes en France.
Depuis 2018, de nombreux traitements ont fait leur apparition, avec des effets qui varient d'un patient à l'autre. Pour en « comprendre les déterminants », le réseau Fraden conduit, via ses 26 centres en France, des études pour « mieux identifier les profils des patients, leurs biomarqueurs et leur profil de réponse et de tolérance aux traitements ». Objectif ? Personnaliser au mieux la prise en charge.
3 nouveaux traitements
Parmi ces traitements, le Dupilumab est un anticorps monoclonal (une molécule produite en laboratoire pour traiter une maladie spécifique) qui bloque l'action des protéines appelées IL-4 et IL-13 (interleukines), qui jouent un rôle majeur dans la genèse de la dermatite atopique. Il est administré par injection sous-cutanée (abdomen, cuisses, haut du bras), selon le protocole suivant : deux injections de 300 mg au début du traitement puis une de 300 mg toutes les deux semaines. La seizième semaine, le médecin procède à une appréciation de son efficacité et décide, ou non, de le poursuive de façon continue.
Le Tralokinumab, anticorps monoclonal agissant sur l'interleukine 13 (IL-13), s'administre également par injection sous-cutanée. La première fois, quatre seringues de 150 mg sont administrées puis deux seringues de 150 mg toutes les deux semaines. En cas d'excellente réponse après seize semaines de traitement, les injections peuvent être espacées de quatre semaines.
Le Baricitinib appartient à la classe des inhibiteurs de la janus kinase (JAK), qui bloque l'action à la surface des cellules de messagers inflammatoires comme l'IL-4 et IL-5. Il est administré par voie orale, à raison d'un comprimé par jour.
D'autres molécules à l'étude
« De nombreux autres produits biologiques et petites molécules sont actuellement testés dans des essais de phase 2 et 3, par exemple le Fezakinumab (anti-IL-22), l'Etokimab (anti-IL-33), le Nemolizumab (anti-IL-31Rα) et le Tezepelumab (anti-TSLP), complète le réseau Fraden dans un communiqué. D'autres molécules ciblant les voies clés de la réponse immunitaire atopique, ainsi que différents inhibiteurs de JAK font partie des options thérapeutiques émergentes. »
Envie de participer aux études cliniques en cours ? « Les patients peuvent se renseigner auprès des services hospitaliers et centres de dermatologie proches de chez eux », indique le Pr Sébastien Barbarot, dermatologue au CHU de Nantes, coordonnateur du réseau Fraden.
* Organisation d'excellence au service de la recherche clinique française, portée par l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), et financée par l'Agence nationale de la recherche (ANR) et le ministère de la Santé