A l'heure où la psychiatrie est à l'agonie, souffrant d'un manque criant de moyens et de personnels, Clara Bouffartigue parvient à réenchanter le sujet, en resserrant la focale sur l'humain. La réalisatrice a posé sa caméra au Centre Claude Bernard, situé dans le 5e arrondissement de Paris. Les patients et familles du centre médico-psycho-pédagogique (CMPP), le premier né en France en 1946, font l'objet du documentaire Loup y es-tu ?. Après cinq années passées auprès des jeunes en souffrance psychique accueillis dans cette structure, la documentariste livre sa réalisation aux salles obscures à compter du 13 septembre 2023.
Aux confins du réel et de la fiction
Plus qu'un documentaire, une hybridation où se mêlent le réel, la fiction et le film d'animation ! Une plongée poétique, presque onirique dans l'univers du soin, pourtant souvent éloigné du rêve et de la fantaisie. On y rencontre des jeunes, des enfants, leurs parents venus consulter. Face à eux, des soignants qui les accompagnent par le jeu, le dialogue, le silence, en famille, en groupe ou individuellement.
Zoom sur les liens familiaux
« J'ai été frappée par la place faite aux parents, par l'approche de l'enfant dans sa globalité qui prend toujours en considération son environnement. Pour ces professionnels, il est impensable d'accompagner un enfant sans les inclure dans le processus de soin », explique-t-elle. Si le sujet de la psychiatrie est latent, il s'agit surtout d'un « film de cinéma autour des liens familiaux », insiste-t-elle. Elle reconnaît toutefois voir dans Loup y es-tu ? une sorte de manifeste « pour les soignants mais aussi pour chacun de nous parce qu'il tente de déstigmatiser l'image qu'on peut avoir du soin psychique qui véhicule encore beaucoup de clichés, de fantasmes et de craintes ». Sans pointer du doigt de manière frontale les logiques de rentabilité qui abîment aujourd'hui la psychiatrie, la réalisatrice a braqué sa caméra sur ce qui fonctionne.