Le cheval, meilleur ami des personnes handicapées ? Il est, en tout cas, « reconnu comme un vecteur de soins, d'inclusion et de mieux-être indiscutable », affirme l'Institut français du cheval et de l'équitation (IFCE)*. Confiance et estime de soi, épanouissement, autonomie, socialisation… En plein essor, la médiation équine offre de nombreux bienfaits tant sur le plan physique que psychique. Alors en selle… ou pas !
Médiateur au sein d'un trio
Il n'est pas question de passer son galop 8 ni même de savoir monter à cheval mais de profiter de l'instant présent en compagnie d'un animal bienveillant. Il apparaît alors comme un remède à la solitude, l'anxiété, les tensions mais également comme un médiateur entre l'équicien, qui pratique la médiation équine, et la personne qu'il accompagne. « Qu'elle soit à visée thérapeutique, sportive ou de loisirs, la médiation équine permet une véritable plus-value dans le parcours de soins », témoigne l'IFCE. Bénéfique pour tous les types de handicap, elle fait travailler la sensori-motricité, l'attachement, la séparation, l'image de soi, la conscience de l'autre…
Un confident hors-catégorie
Dans la médiation animale, on se sert d'un tiers pour améliorer la communication et les apprentissages. Certains utilisent des chiens, des lapins ou même des cochons d'inde mais le cheval a toujours été particulièrement fascinant pour les hommes. Sa taille, son élégance, son énergie, sa puissance… Son aspect rassure, donne envie d'établir un contact. « Le pansage est un moment privilégié. Caresser, brosser, gratouiller, c'est aussi prendre soin en dépassant les appréhensions du toucher, explique l'IFCE. Se préoccuper du bien-être d'un autre 'être' permet non seulement de se sentir utile mais renvoie aussi inconsciemment à son propre bien-être. » Les personnes autistes qui éprouvent parfois des difficultés à s'exprimer peuvent ainsi se confier au cheval sans peur d'être jugé, critiqué, ni blessé.
A cheval ou à pied
Sur son dos ou à pied, à côté de lui, les deux méthodes permettent une proximité plus ou moins importante avec le cheval et présentent des atouts différents. « Monter à cheval mobilise près de 200 muscles et donne l'occasion à une personne avec un handicap moteur de travailler son tonus, son équilibre ainsi que sa motricité fine ou globale », indique Marie Lautier, équicienne. Par ailleurs, ceux qui ne souhaitent pas parler peuvent utiliser la communication non-verbale. En effet, il est possible d'utiliser les jambes et les rênes pour le guider mais aussi de se faire comprendre grâce au mouvement du bassin. Concentration, perfectionnement de l'orientation spatio-temporelle… Les personnes avec des troubles du déficit de l'attention avec hyperactivité (TDAH) peuvent se focaliser sur l'animal tandis que les dyspraxiques améliorent leur capacité à se repérer dans l'espace et à tenir les rênes.
Retrouver une vie sociale
Comme toute activité de loisir, la médiation équine favorise la rencontre et l'échange. Les personnes présentant des troubles psychiques ou en proie à une dépression peuvent donc retrouver une certaine vie sociale en se rendant au club équestre. « Pour certains, c'est une motivation de retrouver le même cheval chaque semaine », assure Marie Lautier. Cette pratique permet également d'apprendre à appréhender et à gérer ses « humeurs ». Joie, colère, tristesse, incompréhension, stress, excitation… Le cheval est le miroir des émotions. Les différents exercices proposés par l'équicienne génèrent surtout plaisir, valorisation et estime de soi et incitent les participants à renouveler l'expérience.
Une formation reconnue
Pour pratiquer ce métier, les équiciens ont plusieurs possibilités : une formation post-bac en trois ans, une autre en continu sur deux ans pour ceux qui ont déjà de l'expérience ou une VAE (Validation des acquis d'expériences) au centre Equit'aide de Lixières (Lorraine). Dans la médiation équine, d'autres approches existent comme l'équithérapie (dimension psychocorporelle) ou encore l'hippothérapie (rééducation motrice). Mais elles ne sont pas les seules activités qui permettent de profiter des atouts du cheval... « L'attelage est un loisir accessible à tous, assure Patrice Ecot, directrice de la délégation territoriale de Bretagne de l'IFCE. Sa pratique peut également apporter de la confiance en soi et redonner une certaine autonomie, notamment aux personnes à mobilité réduite. Souvent en fauteuil roulant et habituées à ce que les gens soient au-dessus d'elles, elles prennent de la hauteur dans la calèche et profitent d'une vaste vue sur l'environnement. Elles peuvent guider le cheval où elles veulent, gérer son allure ; le plaisir ressenti est contagieux ! »
* La médiation équine, qu'en pensent les scientifiques, Ifce, Essentiel
Photo : Véronique Cherubin