L'hémorragie de personnel dans les métiers du soin, du grand âge et du handicap est rendue plus critique encore par deux ans de crise sanitaire. Le contexte a poussé les personnels, « épuisés », à « changer d'activité », « exacerbant les besoins de recrutements », consent le gouvernement. Des mesures ont été prises pour tenter de rendre ces métiers plus attrayants, notamment des revalorisations salariales et des actions de formation, mais qui semblent ne pas suffire... Le contexte critique pousse donc l'Etat à lancer une grande campagne de recrutement, aussi bien pour le « domicile » que les établissements. Une telle campagne a déjà été menée en faveur du grand âge mais, cette fois-ci, elle entend venir au secours des « trois secteurs ».
Une nouvelle circulaire
Pour sauver les métiers du soin du naufrage, le gouvernement appelle à une grande « mobilisation générale », « exceptionnelle » et « rapide » de tous les acteurs de l'emploi et la formation : régions, départements, ARS, Pôle emploi, missions locales, Dreets... Une circulaire interministérielle du 12 décembre est parue le 4 janvier 2022 qui précise ses contours (en lien ci-dessous). Elle liste les métiers les plus critiques : infirmiers, aides-soignants, accompagnants éducatifs et sociaux, auxiliaires de vie, aides médico-psychologiques, éducateurs spécialisés et agents de services hospitaliers qualifiés (ASHQ).
Des réponses à venir ?
Dans un premier temps, il faut « quantifier et qualifier les besoins » de chaque région. Ensuite, identifier les candidats potentiels et les « motiver à s'orienter vers ces métiers » et partager l'information sur les différentes offres de service d'appui au recrutement. « Les personnes primo-arrivantes et réfugiées pourront faire l'objet d'une attention particulière », précise la circulaire. Elle invite aussi les fédérations à « sensibiliser leurs adhérents dans leur rôle d'accueil de publics en immersion, stages pratiques dans le cadre de formation, ou de formation préalable au recrutement ». Des formations courtes, dont le financement serait assuré par Pôle emploi ou la Région, sont prévues « pour faciliter l'intégration de nouveaux salariés en renfort ».
Pas question de traîner... Afin « d'apporter des solutions rapides », les acteurs devront se réunir au niveau régional ou départemental courant janvier 2022 et rendre compte des dispositions prises avant le 30 janvier. « Dès février 2022, une campagne de communication nationale sera lancée auprès du grand public », conclut la circulaire.
D'autres mesures
Jean Castex annonçait par ailleurs le 8 novembre 2021 trois mesures d'urgence, dont la tenue d'une « conférence des métiers de l'accompagnement social et médico-social » (articles en lien ci-dessous). Elle devait se tenir avant le 15 janvier mais, nouvelle vague Covid oblige, elle est reportée au 18 février 2022. En amont, « face à l'impact fort de cette crise des métiers de l'humain » et leur « perte d'attractivité », les associations membres de l'Uniopss (Union nationale interfédérale des œuvres et organismes privés non lucratifs sanitaires et sociaux) ont planifié une action collective tout au long de la semaine du 24 au 30 janvier. Un nouveau coup de gueule après la grande mobilisation du 6 octobre 2021 pour revendiquer un accompagnement « digne ». Deux syndicats ont, quant à eux, déposé un préavis de grève les 11 ou 18 janvier.
Enfin, pour parer au risque de pénurie de main d'œuvre dans la santé et le médico-social, les mesures d'éviction en cas de Covid sont allégées. Depuis le 2 janvier 2022, les professionnels contaminés mais sans symptômes et sans toux peuvent continuer d'exercer (article en lien ci-dessous).