66 % des étudiants en situation de handicap rencontrent des difficultés au cours de leur parcours scolaire, contre 42 % des jeunes sans handicap. En conséquence, 38 % d'entre eux ont peur de ne pas réussir leurs études puis de s'intégrer sur le marché du travail (contre 25 %). Ces résultats sont issus de « l'enquête miroir » réalisée en mars 2022 par l'Ifop (en lien ci-dessous) pour l'association Tremplin, qui vise à favoriser l'insertion professionnelle des personnes handicapées, auprès de 213 d'entre elles et 503 jeunes issus de la population générale âgés de 15 à 30 ans. Objectif : comparer leur vécu en matière d'orientation scolaire.
L'alternance, pas si facile
Près d'un jeune en situation de handicap sur deux affirme que son choix d'orientation l'a « beaucoup inquiété », contre un tiers de la population générale. 79 % ont d'ailleurs envisagé des pistes qu'ils ont ensuite écartées, principalement en raison d'un manque de confiance en leurs chances de réussite et parce que le cursus n'était pas compatible avec leur handicap. Les premières entraves, les premières craintes se font sentir dès la recherche de stage pour 62 % d'entre eux (contre 46 %). Celles-ci sont accentuées par la recherche d'emploi, qui s'est avérée difficile pour les trois quarts d'entre eux, contre la moitié dans l'échantillon témoin. Si les auteurs de l'études admettent des « progrès remarquables en matière d'éducation », un constat domine. « Il y a un véritable décrochage quand on observe l'insertion après un stage ou une alternance, analysent-ils. L'alternance, présentée par le gouvernement comme une solution à une problématique d'emploi, est en réalité compliquée pour la majorité des jeunes étudiants malgré toutes les mesures incitatives. »
Des problématiques spécifiques
En complément, viennent s'ajouter des problématiques spécifiques, notamment celles relatives à la localisation géographique du lieu d'étude. 36 % des étudiants en situation de handicap affirment que le lieu de résidence de leur famille les « influence beaucoup » dans leur choix, soit deux fois plus que les autres. De même, 45 % se disent « inquiets » à l'idée de faire des études supérieures dans une « très grande ville », comme Paris, Lyon, Marseille, Bordeaux ou encore Toulouse (contre 30 %). Ils font également état de difficultés plus importantes dans le domaine administratif (64 % contre 46 %). Cette problématique s'explique par le fait qu'ils sont davantage amenés à réaliser des démarches administratives pour obtenir des aides, des accompagnements et des compensations. En somme, ils témoignent d'une mauvaise prise en compte du handicap dans les universités, et notamment des handicaps invisibles.
Les jeunes handi, plus enclins au salariat
Le handicap, un atout pour s'insérer professionnellement ? Seuls 13 % répondent par l'affirmative. En matière d'emploi, leurs attentes diffèrent de celles des autres jeunes sur plusieurs points ; 76 % opteraient pour un emploi salarié (contre 60 %) et 24 % seulement se projettent en tant qu'indépendant (contre 40 %). L'association H'up entrepreneurs, notamment, vise à briser cette autocensure en les accompagnant sur le chemin de l'handipreneuriat (article en lien ci-dessous). Si le fait de « travailler dans un domaine qui les passionne » est le critère prédominant chez les deux publics, l'importance accordée au niveau de rémunération les divise. C'est, en effet, un élément primordial pour la moitié des jeunes contre 24 % de ceux en situation de handicap. Ces derniers accordent davantage d'importance à l'ouverture de l'entreprise à la diversité et aux personnes handicapées (43 % contre 13 %).
Accompagner et sensibiliser !
A une dizaine de jours du second tour de l'élection présidentielle, les jeunes en situation de handicap déclarent attendre du nouveau chef d'Etat une prise en compte réelle de leurs besoins afin de minimiser les obstacles qu'ils rencontrent dans leurs parcours scolaire et professionnel. Ils exhortent également à développer des aménagements, afin qu'ils puissent étudier et travailler comme tout le monde mais aussi, à sensibiliser, et particulièrement aux handicaps invisibles. Au boulot !