« Le parabadminton, cinq grammes de plumes, des tonnes d'émotions. » Coraline Bergeron découvre le « bad » au collège, à l'âge de 11 ans. Un véritable coup de foudre ! Challengeuse dans l'âme, elle s'inscrit rapidement au club de Saintes (Charente-Maritime) et enchaîne les compétitions départementales. Le 20 juin 2017, sa vie bascule à tout juste 20 ans. Son compagnon dans la voiture, elle au dehors. Quelques secondes plus tard, c'est le choc. « Il m'a foncé dessus volontairement », raconte-t-elle aujourd'hui âgée de 23 ans. Le bilan est lourd, le traumatisme aussi. Ses deux jambes sont touchées : fracture du bassin, artère fémorale sectionnée... En clair, son tibia n'est plus relié à son genou. Les chirurgiens essayent de sauver sa jambe droite mais la gangrène se propage trop rapidement. « L'amputation ou la mort ? Le choix est vite fait. » Le 6 juillet 2017, Coraline se fait amputer.
Le sport, vecteur de résilience
A son réveil, elle pense immédiatement à sa reconstruction et s'imagine déjà raquette à la main, basket au pied. Tel est son but, son leitmotiv pour « tout donner » lors de sa rééducation et réapprendre à marcher. En trois mois, c'est plié. Un record au sein du centre Grand Feu de Niort (Deux-Sèvres) ! « Le kiné n'avait jamais vu ça, confie la jeune femme. En général, il faut compter six mois pour remarcher après une amputation fémorale et deux ans pour une cicatrisation complète. » Un an plus tard, animée par un besoin viscéral, elle reprenait déjà le badminton, ou plutôt sa version handisport. Les prémices d'une nouvelle idylle...
Objectif paralympiques
C'est au rythme des revers et autres smatchs que Coraline apprivoise son nouveau corps. Elle remporte une première compétition, puis une seconde et voit de nouvelles opportunités s'offrir à elle. « Le parabadminton m'a fait grandir et m'a permis d'atteindre le haut niveau mais aussi de comprendre que, même handicapée, je suis capable de réaliser de grandes choses et d'atteindre mes objectifs », se réjouit la championne de France qui rêve d'un sacre aux prochains Jeux paralympiques. « C'est mon objectif ultime », s'enthousiasme-t-elle. Ça tombe bien, en 2014, le Comité international paralympique a décidé d'inscrire le parabadminton sur la liste à compter des Jeux de Tokyo 2020 (reportés en 2021 en raison de la pandémie de Coronavirus). Un « signe » pour la jeune sportive et une « belle opportunité à saisir » !
Athlètes valides VS handi : un « sacré gap »
Pour cela, elle s'entraîne au minimum quatre fois par semaine, avec toujours plus d'intensité et d'exigence. « Le (para)badminton est l'un des sports les plus physiques, c'est d'ailleurs, en partie, pour cela que je l'ai choisi, poursuit la compétitrice. Il permet un gros dépassement de soi, de se défouler et requiert beaucoup de rigueur, de précision, de patience. » Des atouts enrichissants pour la jeune femme « pas d'un naturel très patient ». Sans parler de la solidarité qui règne au sein de l'équipe de France, sa « deuxième famille »... Seule ombre au tableau : « Impossible de vivre du parabadminton », déplore Coraline, constatant « un gap entre les athlètes valides et handicapés ». « Quand un joueur valide remporte un open, il empoche un joli chèque, tandis que nous devons nous 'contenter' d'une médaille », regrette-t-elle.
Intégrer le top 5 mondial
Alors, en parallèle de son projet sportif, elle souhaite reprendre ses études. Licence Staps (sciences et techniques des activités physiques et sportives) option activité physique adaptée ou kiné ? Son cœur balance. Elle se laisse l'été pour réfléchir. Un virage à 180° pour celle qui, avant son agression, s'imaginait gestionnaire de patrimoine. En attendant, elle se prépare pour les championnats d'Europe qui se dérouleront à Dublin (Irlande) en octobre 2020. Conserver ses deux titres de vice-championne d'Europe en simple et en double ? Trop peu pour Coraline. C'est l'or ou rien ! Prochain objectif : intégrer le top cinq mondial en simple. « Actuellement sixième, il me reste une place à gratter ! », sourit cette jeune ambitieuse qui entend bien « prendre sa revanche » sur la vie. Un match gagné d'avance...