"On arrive à saturation, on est au maximum de nos possibilités" d'accueil, a affirmé Frédéric Bierry (centre-droit), président du conseil départemental de la collectivité européenne d'Alsace, lors d'une conférence de presse au foyer de l'enfance de Strasbourg le 24 septembre 2024.
4 enfants sur 8 avec autisme
Il a notamment appelé l'Etat à "assumer sa responsabilité" quant à la prise en charge des enfants en situation de handicap, nombreux selon lui à être suivis dans les établissements de la protection de l'enfance, gérés par les départements, quand ils relèveraient davantage des agences régionales de santé et de l'Etat. "Ici, au foyer de l'enfance, quatre enfants sur huit présentent des troubles du spectre autistique et ont besoin d'une prise en charge spécifique", a-t-il pris en exemple. "Il est indispensable que l'Etat soit à la hauteur."
5 000 placements non exécutés
S'associant au "cri d'alerte" de la manifestation organisée le lendemain à Paris par la convention nationale des associations de protection de l'enfant, Frédéric Bierry, également vice-président de l'association des départements de France chargé de la Solidarité, a avancé le chiffre de 5 000 placements non exécutés en France (dont 400 en Alsace), et "autant de mesures" de suivi éducatif en milieu ouvert non effectives.
Besoins en hausse, capacités en baisse
En cause selon lui, des besoins en hausse face à des capacités en baisse, liées aux difficultés à recruter des familles et des éducateurs spécialisées. Pour y faire face, la collectivité européenne d'Alsace, qui a fait de la protection de l'enfance "une de ses priorités", y consacrant en 2024 un budget de 299 millions d'euros (contre 239 millions en 2021), entend désormais impliquer davantage la population dans l'accueil de ces enfants.
Recrutement de "tiers bénévoles administratifs"
S'appuyant sur les dispositions de la loi Taquet de 2022, Frédéric Bierry a annoncé le lancement d'une campagne de recrutement de "tiers bénévoles administratifs", des adultes capables d'accueillir chez eux, bénévolement et de manière permanente, des enfants placés présentant des profils "moins complexes" que ceux nécessitant un placement en institution, et le développement de "parrainages", pour des accueils non-permanents. "C'est un nouveau champ de la protection de l'enfance qui s'ouvre, a-t-il assuré, il faut qu'on puisse le relever."
Des propositions pour "améliorer l'efficacité"
Evoquant l'entrée en fonction du nouveau gouvernement, il a avancé "des propositions" qu'il souhaite adresser aux ministres pour améliorer l'efficacité de la protection de l'enfance. Il a défendu l'octroi de permis de séjour pour les mineurs non accompagnés devenus adultes et impliqués dans une formation, et suggéré un allègement de cotisations sociales pour les revenus des familles d'accueil ou des éducateurs spécialisés, ces derniers étant "payés 1 700 euros par mois, et mobilisés un soir sur deux, un week-end sur deux".
© Stocklib / Yaruta