Une équipe de chercheurs suisses a mis au point une prothèse avec des capteurs au niveau de la plante du pied et du pli du genou, reliés à des électrodes implantées directement sur des nerfs de la jambe. Ce système, dévoilé le 9 septembre 2019, a permis aux deux patients, amputés au-dessus du genou, de recréer la sensibilité du membre perdu, leur permettant par exemple de faire la différence entre une marche sur la route ou dans du sable. "L'utilisation de cette prothèse a amélioré la qualité de leur marche et augmenté leur endurance, à la fois en laboratoire et dans un environnement réel", rapporte l'article publié dans la revue Nature Medicine. Par ailleurs, elle a réduit leur "douleur du membre fantôme". Ces douleurs ressenties comme provenant d'un membre pourtant amputé se produisent lorsque les neurones de la zone d'amputation continuent à envoyer des messages de douleur au cerveau.
D'autres expériences menées
Domaine en plein développement, les prothèses en interaction directe avec le système nerveux - "interfaces neuronales directes" ou "interfaces cerveau-machine" - améliorent la qualité de vie des patients paralysés ou amputés, en leur permettant de "commander" les mouvements de leur membre artificiel. Mais un obstacle majeur à leur adoption reste l'absence de "sensation" provenant de la prothèse, essentielle pour la motricité fine et les interactions avec le monde extérieur. Une équipe autrichienne avait obtenu un résultat comparable en 2015 pour un patient amputé sous le genou, et des expériences ont aussi été menées sur les membres supérieurs. Mais c'est la première fois qu'une telle prothèse est mise en place sur un membre inférieur amputé au-dessus du genou, a expliqué à l'AFP Stanisa Raspopovic, professeur à l'université ETH Zurich (Suisse), qui souligne que les nerfs des membres inférieurs sont "beaucoup plus gros" et plus complexes que ceux des bras.
Après ce premier essai sur deux personnes, l'équipe du Pr Raspopovic a lancé un essai clinique sur quatre ans pour implanter la prothèse à "un nombre significatif de patients" et les suivre sur une durée plus longue.
© ETH Zurich