Le dépassement de soi inspire. Eddy Estripeau en a conscience lorsqu'il décide de mettre son amour pour le vélo au profit de la recherche médicale. Souffrant d'une spondylarthrite ankylosante, le sportif a subi, en 2003, une ablation totale du colon et du rectum à cause d'une RCH (rectocolite hémorragique), qui a, par la suite, déclenché l'inflammation des articulations. Aujourd'hui à la tête de l'association DASSOS qui lutte contre la spondylarthrite et finance la recherche contre le cancer, il participe le 28 août 2016 au raid de 100 km de Bouconne, en Haute-Garonne. Un défi sportif de taille qui devrait permettre de récolter des dons et d'informer sur les différentes formes de spondylarthrites.
Plus d'un an d'invalidité
À la suite de son opération, Eddy suit des traitements qui provoquent une dilatation de ses bronches, réduisant sa capacité respiratoire à 60%. Des séances quotidiennes de kinésithérapie lui permettent de maintenir ce niveau. La spondylarthrite ankylosante, maladie inflammatoire qui touche principalement les rhumatismes, activée après l'ablation du colon et du rectum, l'a empêché pendant longtemps de se mouvoir sans souffrir. « J'avais 40°de fièvre, j'étais alité la plupart du temps et je ne pouvais me déplacer qu'en fauteuil roulant, raconte-t-il. Pendant au moins un an, les douleurs étaient persistantes dans tous les muscles du dos et des articulations ». Les séquelles sont irréversibles (bassin décalé, vertèbres soudés) mais Eddy conserve néanmoins sa passion pour le sport et le VTT.
Hommage à un ami d'enfance
Grâce à un nouveau traitement, Eddy peut se remettre en selle après plus d'un an de douleurs. Ce retour à la vie sportive lui redonne l'énergie qu'il ne pensait plus trouver. En quatre ans, il sera passé du fauteuil roulant à la selle de vélo. Il fonde son association en février 2016 avec Cédric et rend hommage à David Aussas, un ami d'enfance, décédé d'un cancer du foie en 2015. DASSOS (contraction de David Aussas et du mot « association ») mène des actions de nature sportive pour récolter des dons et financer les recherches sur le cancer et les différentes formes de spondylarthrites. A la suite de randonnées organisées en Aveyron quelques mois auparavant, ce raid de 100 km témoigne de la persévérance d'Eddy. « Je pensais ne jamais m'en sortir. Ce raid est l'occasion de montrer à ceux qui sont dans une situation semblable qu'il y a une issue et qu'il est possible d'aller bien mieux avec le temps », confie-t-il. Après près de quatre mois d'entraînement régulier, l'athlète s'apprête à joindre le geste à la parole.
Avancer grâce au sport
« Les 100 bornes de Bouconne » constituent un véritable challenge ; le trajet compte en effet 1 300 mètres de dénivelé positif et 7 à 8 heures en selle. Au-delà de la performance, cet événement offre l'occasion de faire connaître l'association d'Eddy et de Cédric. Un stand sera installé pour donner des informations sur les différentes formes de spondylarthrites. La journée devrait permettre de récolter des fonds pour la recherche contre le cancer et les maladies inflammatoires. Le 28 août, l'appel aux dons se fera également sous forme de défi sportif ; les participants sont invités à apporter leur contribution en pédalant sur un vélo d'appartement. « Le sport est essentiel, conclut Eddy. Dans mon cas, il me permet d'entretenir ma santé au niveau respiratoire. » Faisant écho à d'autres prouesses (lire articles en lien ci-dessous), le parcours d'Eddy convainc que le handicap ou la maladie n'empêchent pas de s'accomplir.
© J.L Delteil