Six semaines de concertation ont enfin abouti… Le Ségur de la santé, lancé à la suite de la crise sanitaire, a rendu ses conclusions le 21 juillet 2020, en présence d'Olivier Véran, ministre de la Santé. Objectif ? « Tirer collectivement les leçons de l'épreuve du Covid-19 et faire le lien avec les orientations de Ma Santé 2022 pour bâtir les fondations d'un système de santé encore plus moderne ». In fine, selon le gouvernement, « Libérer les établissements de santé et personnels d'un certain nombre de contraintes » et « redonner du pouvoir d'initiative et de décision à celles et ceux qui soignent ».
Le handicap sur la touche ?
Certaines associations du champ du handicap avait déploré que le handicap soit sous-représenté lors de cette concertation mais Olivier Véran avait tenu à les rassurer : « Tout le monde est inclus » et « personne ne sera mis sur le bord du chemin ». Selon le Collectif handicaps, qui regroupe 48 associations, ce chantier ne « pourra être couronné de succès qu'à la condition de dépasser une approche purement hospitalière pour une approche décloisonnée, intégrant pleinement les professionnels du médico-social sans oublier ceux de l'accompagnement à domicile ». Malgré tout, le handicap s'avère assez peu présent dans ce rapport, seule une mesure sur 33 (article complet en lien ci-dessous) lui est spécifiquement dédiée, ce qui fait dire à LADAPT (association tous handicaps) que ce public est « mis sur la touche ».
Et pour le handicap ?
Portant le N°29, elle promet « d'améliorer l'accès au soin des personnes en situation de handicap ». Le gouvernement admet que « si la politique du handicap concerne toutes les dimensions de la vie, le champ de la santé reste celui pour la majorité des personnes en situation de handicap d'une inégalité de fait, à rebours des objectifs de la loi de 2005 ». Il observe que l'accès au système de santé peut être limité par de nombreux facteurs, notamment l'insuffisance du partage de l'expertise des différents types de handicap, une rémunération non adaptée à l'exigence d'accompagnement des parcours de santé des personnes ou encore un retard dans le développement de la télémédecine.
Trois leviers principaux
Selon le gouvernement, le Ségur de la santé, doit donc, dans le prolongement des enseignements tirés de la crise sanitaire, « marquer une étape majeure pour les personnes handicapées et leurs proches aidants ». Il promet d'agir sur trois leviers principaux :
- Reconnaître l'accès de ces personnes à un médecin traitant comme un objectif de santé publique et mettre en place le juste financement de l'exigence d'adaptation des modalités de suivi.
- Faire des établissements sociaux et médico-sociaux des acteurs du parcours de soins des personnes, avec le financement associé.
- Lancer un programme d'adaptation des conditions de soins pour les personnes handicapées, avec notamment la mise en accessibilité de la télémédecine. Les premières concrétisations de ces mesures sont promises dès fin 2020, avec un budget global de 12 millions d'euros.
2,1 milliards seront par ailleurs consacrés « sur cinq ans » à la transformation, la rénovation et l'équipement dans les établissements médico-sociaux, dont 0,6 milliards dédiés au numérique.
Nouvelle feuille de route pour la psychiatrie
Après la crise liée à l'épidémie covid-19, ce Ségur de la santé doit, par ailleurs, « être l'occasion d'insuffler une nouvelle ambition à la feuille de route santé mentale et psychiatrie ». Au-delà des accords sur les rémunérations et les carrières, qui profiteront à ses professionnels, le soutien à l'investissement en psychiatrie et en santé mentale doit constituer l'une des priorités du pilier investissement. La réforme du financement du secteur, accompagnée de crédits supplémentaires, est annoncée à compter du 1er janvier 2021, permettant « d'accompagner la restructuration de l'offre en régions en fonction des besoins de santé des différents territoires ».
La mesure 31 de ce Ségur vise par ailleurs à renforcer les moyens en accompagnement psychologique de la population. Elle prévoit la mise en place d'un numéro national de prévention du suicide 24h/24 et 7j/7, de recruter 160 psychologues supplémentaires dans les centres médico-psychologiques pour un soutien psychologique accessible à tous mais également de renforcer « l'aller vers » au travers des cellules d'urgences médico-psychologiques. Enfin, elle promet l'accès à des consultations de psychologues en ambulatoire dans des maisons de santé pluriprofessionnelles. Elaboré durant le second semestre 2020, ce dispositif devrait être déployé courant 2021/2022. Une enveloppe de 40 millions est prévue.
« Si les secteurs du handicap, du domicile et du social restent les grands oubliés du Ségur, ils devraient, a priori, être traités dans le cadre du futur projet de loi grand-âge et autonomie, explique la Fehap (fédération des établissements) qui rappelle toutefois « qu'aucune garantie concrète n'a été apportée ». « L'ambition actuelle sur le financement de la perte d'autonomie reste encore trop faible », conclut-elle.