« Votre fille ne rentrera que si son test PCR est négatif et elle ne pourra pas sortir le week-end prochain ». Voici la réponse faite à la maman de Pauline (le prénom a été changé), une jeune femme autiste, par la direction de son établissement parisien à son retour de vacances. Qu'en est-il vraiment ? Le directeur peut-il imposer ce type de contraintes à ses usagers dans le cadre de la crise sanitaire actuelle ? Cette maman s'est adressée à l'Agence régionale de santé Ile-de-France (ARS IDF), qui gère cet établissement, et regrette que les réponses apportées soient « vagues ». La question a donc été posée concrètement à ses services dédiés…
Test PCR ou pas ?
Sur les conditions de retour en établissement, l'ARS IDF a diffusé ces derniers jours aux ESMS (établissements sociaux et médico-sociaux) une grille de recommandations selon différents scenarii de reprise de l'épidémie, en phase avec ceux du Conseil scientifique et du Haut conseil de la santé publique (HCSP). « Mais les choses évoluent très vite ! », reconnaît l'Agence. Selon le scenario 2, qui concerne cette famille, un test PCR (nasal) est recommandé dans ceux qui accueillent des personnes handicapées à haut risque de forme grave de Covid-19 (selon la définition du HCSP), notamment celles polyhandicapées (enfants ou adultes). « Les usagers porteurs de troubles de l'autisme / TSA ne sont pas, en tant que tels, considérés comme à haut risque de formes graves », explique l'ARS. En revanche, pour tous les ESMS n'accueillant pas d'usagers à haut risque, un test PCR est recommandé pour ceux présentant des symptômes évocateurs de la Covid et ceux en processus d'admission.
« Pour mémoire, effectuer un test RT-PCR est une recommandation et non une obligation, insiste l'ARS. Il n'est pas possible, en effet, d'obliger un usager à effectuer un test, et le retour en établissement ne peut pas être conditionné à la soumission du résultat négatif. » Elle reconnaît néanmoins que « la question des tests à effectuer (ou non) auprès des usagers en situation de handicap soulève de nombreuses interrogations de la part des gestionnaires, des établissements médico-sociaux et des familles des usagers » et ajoute : « Nous avons des remontées de plusieurs cas de refus de la part des familles d'imposer un nouveau test, au motif qu'ils sont considérés comme traumatisants ». La maman de Pauline confirme, elle aussi, que des parents refusent désormais de soumettre leur proche à ce type d'épreuve.
Sortie le week-end ou pas ?
En ce qui concerne les sorties le week-end des usagers accueillis en internat de semaine, toujours dans ce scénario 2, « la liberté d'aller et venir à l'extérieur est préservée dans le respect des mesures barrière (lavage des mains, port du masque pour les personnes qui le peuvent et de plus de 11 ans, distanciation physique) », poursuit l'ARS IDF. Selon cette dernière, « la position du directeur ne semble donc pas justifiée ; en principe, aucune interdiction de sortie de cet usager le week-end ne peut être opposée à la famille », indique-t-elle en modérant malgré tout ses affirmations : « Mais il faut connaître la situation précise de cet établissement, notamment épidémique (présence d'un cluster ?), pour pouvoir se prononcer vraiment ». L'ARS conclut : « Chaque gestionnaire d'établissement est évidemment le décideur final des mesures de prévention qu'il met en place ». Toujours aussi vague ? « Au moins, nous avons une base officielle de discussion avec la direction si besoin », se rassure la famille de Pauline.