Le point commun entre Ghandi, Titeuf, Angelina Jolie et Théo Curin ? Ils sont tous au musée Grévin. A compter du 8 mars 2024, la statue de cire du nageur de l'extrême quadri-amputé trônera aux côtés des personnalités les plus populaires de la planète. A 23 ans, il est le premier athlète handisport à faire son entrée dans cette institution parisienne vieille de 135 ans. L'homme aux 1 000 défis a encore frappé.
Une blague ?
L'ancien champion de natation « nage » dans le bonheur... « Pour être honnête, j'ai cru au départ que c'était une grosse blague. Parce que je n'aurais jamais imaginé cela même dans mes rêves les plus fous, a fortiori aussi tôt, confie le jeune homme à Handicap.fr. Mais je suis super fier qu'on ait pensé à moi, c'est un énorme cap aussi pour la représentation du handicap. » Il sera dans la même salle que d'autres champions : Griezmann, Camille Lacourt, Clarisse Agbégnénou, Teddy Riner... « Un beau message que le musée Grévin envoie ! » Théo est en effet représenté en maillot bain, torse nu, au bord d'un bassin, ses amputations apparentes, flagrantes. « Il n'était évidemment pas question de dissimuler », insiste le musée.
Le « symbole d'une jeunesse prête à tout »
Mais pourquoi Théo alors que d'autres champions handisport ont des carrières plus étoffées ? « Ce n'est pas seulement une question de palmarès mais de popularité, d'incarnation, répond le musée Grévin à Handicap.fr. Nous avons été séduits par son aura qui renvoie quelque chose d'ultra positif. Au-delà de ses exploits sportifs, Théo est lumineux, le symbole d'une jeunesse prête à tout. »
Des défis en pagaille
Théo Curin a relevé de multiples challenges : Jeux paralympiques de Rio 2016, traversée du lac Titicaca, marathon aquatique « Santa Fe-Coronda », animation de sa propre émission de télévision T'es au top, apparition dans plusieurs films et séries, égérie monde pour Biotherm... En avril 2024, il se lance que le défi Madiba, 30 km à la nage au large du Cap et 100 km à vélo autour de la capitale sud-africaine. « Une implication tous azimuts » qui a séduit l'académie Grévin présidée par Stéphane Bern et composée d'hommes et de femmes des médias. C'est d'ailleurs la démarche historique de son fondateur, un journaliste qui voulait donner un visage aux personnalités évoquées dans les médias à la fin du XIXe siècle.
6 mois de création
Durant six mois, Théo s'est prêté au jeu, voyant son personnage se dessiner peu à peu… Il dit avoir été touché par l'engouement des équipes autour de cette nouvelle statue. « Le premier rendez-vous consiste à relever toutes les informations nécessaires à sa création : photos, vidéos, captures d'images en 3D, mesures du visage et du corps et moulage des mains, couleur de la peau, des yeux... », explique le musée Grévin. Ensuite, place à la confrontation entre le modèle et son modelage en plastiline (pâte à modeler de grande précision). Il confie « avoir eu un choc » en découvrant la statue définitive, « comme se retrouver face à soi-même ».
2 000 personnages qui ont fait l'histoire
Sur plus de 2 000 personnages qui ont fait l'histoire de ce musée mythique, Théo sera le troisième en situation de handicap visible, après Ray Charles et Mimie Mathy. Au total, 250 statues sont exposées au public, avec un turn over qui varie au fil de leur notoriété. Le jeune homme dit avoir hâte d'être à l'inauguration le 7 mars au soir pour partager ce moment avec ses proches, sa famille et ses sponsors. « Mais je stresse, confie-t-il. Ça va être de la folie. Let's go ! » Théo ne restera donc pas de marbre face à ce nouvel hommage ! Et de cire ?
© Emmanuelle Dal'Secco
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