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La mère de deux enfants lourdement handicapés qui souhaitait obtenir un logement à Toulouse, Leïla Ketrouci, est descendue de la grue. Selon Estelle Ast, une autre mère d'un enfant autiste qui avait attiré l'attention du gouvernement sur la situation de Mme Ketrouci, cette dernière a obtenu un logement au sud de Toulouse et deux places à temps complet dans des instituts spécialisés. Elle a été conduite à l'hôpital pour un check-up.
ARTICLE INITIAL
Leila Ketrouci est retranchée depuis 5h30 ce jeudi 24 juin en haut d'une grue du centre de Toulouse. Elle brandit une banderole où l'on peut lire "handicap scandale français". Habitante du Gers, elle est la maman solo de trois enfants dont deux sont atteints du syndrome de Cohen, présentent également un trouble du spectre autistique et sont non verbaux. Amir va bientôt fêter ses 9 ans. Nour a 5 ans.
A bout de souffle
Cette maman se dit « épuisée », « à bout de souffle » puisqu'elle effectue elle-même tous les soins de ses enfants totalement dépendants pour se déplacer, manger, se laver, s'habiller, changer les couches, les pansements etc... « Je dois sans cesse gérer les cris, les pleurs et les crises que je me sens parfois incapable de décoder mais c'est malheureusement leur seul moyen de communiquer », explique Leila. Depuis 2012, Leila a été contrainte d'arrêter. Elle ne dort en moyenne que 4 à 5 heures par nuit. Plus de vie de femme, plus aucune vie sociale. Or elle dit ne bénéficier que de trois heures par semaine pour financer une aide à domicile, le seul moment où elle peut sortir de chez elle… Amir dispose d'un accompagnement deux jours par semaine à l'IME Mathalin (« qui n'est pas adapté pour un enfant comme lui », selon sa maman), complété depuis le printemps 2020 par un accueil trois jours par semaine à l'Institut des jeunes aveugles de Toulouse, soit entre 3h et 3h30 de transport en taxi par jour... Quant à Nour, malgré ses atteintes importantes, elle est exclusivement suivie à domicile. On ne lui a proposé un accueil en IME que 12h par semaine, ce qui est, selon sa maman, « insuffisant ».
Un logement et deux solutions adaptées
Leila a engagé des démarches depuis trois ans pour obtenir un logement social adapté à Toulouse afin d'être au plus proche de l'hôpital de Purpan (qui se trouve actuellement à 2h de route de chez elle A/R) où sont suivis ses enfants. Pour pouvoir progresser, ils ont besoin d'une prise en charge pluridisciplinaire à temps plein : kinésithérapie, psychomotricité, orthophonie, ergothérapie, ABA etc. Des courriers officiels lui assurent que son dossier de relogement est « prioritaire ». Sophie Cluzel, secrétaire d'Etat au Handicap, assure avoir "immédiatement transmis" la requête à la Caisse nationale d'assurance maladie et à l'Agence régionale de santé (ARS) Occitanie, et signalé "l'urgence de la demande de logement à Monsieur le directeur départemental de la cohésion sociale de la Haute-Garonne". C'était en 2016 ! Et pourtant… Ayant frappé à toutes les portes, en vain, Leila se résout à mener cette action coup de poing, comme bien d'autres avant elle, notamment Estelle Ast, maman d'un garçon autiste, en 2014 également à Toulouse, dont elle a le soutien (article en lien ci-dessous). En 2017, huit militants étaient montés sur une grue à Paris pour réclamer au président Macron davantage de moyens pour les personnes handicapées.
Leila assure qu'elle ne descendra de sa grue que lorsqu'elle aura obtenu un « logement adapté et sécurisé » et une « place à temps complet pour ses deux enfants ». Sur place, les gendarmes et pompiers sont montés pour lui apporter une couverture et de la nourriture tandis qu'un négociateur du RAID a établi un contact avec elle.…