Il y a un mois, le groupe Craftzing publiait son indice de confiance numérique 2024, une initiative visant à mesurer la fiabilité des plateformes numériques. S'il est réalisé tous les ans, « c'est la première fois qu'une recherche est menée sur un échantillon de sites européens de cette envergure ». Cette année, il se concentre sur l'accessibilité.
Un parcours du combattant
Un rapport essentiel, puisqu'Internet est partout. Mais les citoyens européens ne sont pas tous égaux face à la technologie. 87 millions d'entre eux sont en situation de handicap ; beaucoup d'autres n'ont jamais appris à utiliser l'informatique. Pour ces personnes, l'usage d'Internet s'apparente parfois à un parcours du combattant. Dans sa volonté de favoriser l'inclusion des citoyens en situation de handicap, l'Union Européenne adoptait en 2019 l'European accessibility act (EAA), imposant notamment des « normes d'accessibilité sur les produits et services numériques » européens. Et la deadline approche : la loi entrera en vigueur le 28 juin 2025.
94 % de sites non accessibles
Plus de 260 000 sites ont été passés au crible. Dix-huit pays figurent dans l'étude : certains des Etats membres possèdent moins de 4 000 sites, ce qui « aurait entraîné des écarts importants par rapport aux autres pays et rendu difficiles les comparaisons ». Plusieurs tests ont été effectués pour chaque site web, prenant en compte les critères imposés par l'UE. Et le résultat n'est pas bon. « Tous les pays testés obtiennent de mauvais résultats », rapporte l'étude. Les chiffres sont affolants : selon Craftzing, 94 % des sites Internet ne sont pas complètement accessibles, et un quart échouent à au moins trois tests. La France, elle, arrive en huitième position. La conclusion est sans appel : pour que les pays européens entrent dans les clous au moment de l'entrée en vigueur de l'EAA, ils doivent réagir rapidement, au risque « de s'exposer à des amendes s'ils ne se conforment pas ».
Des problèmes « faciles à résoudre »
« Pourtant, les problèmes les plus courants sont relativement faciles à réparer », pointe Craftzing, tout en précisant aussi qu'il s'agit de ceux qui « posent le plus d'obstacles » lors de la navigation, que l'internaute ait un handicap ou non. Parmi eux : le contraste des couleurs (71 % d'échec), le balisage des images (33 % d'échec), la lisibilité des liens et des boutons (63 % et 18 % d'échec).
Alors, que faire ? Les propriétaires de sites déjà existants devront faire un travail de fond sur l'accessibilité de leurs pages web, en se formant sur l'accessibilité numérique ou en engageant un professionnel. « Mais penser à l'accessibilité après-coup, à la fin d'un projet numérique, ce n'est pas la bonne approche », rappelle l'entreprise. Et pour cause, mettre en accessibilité un site déjà créé est beaucoup plus onéreux que d'intégrer cette réflexion au moment de sa création.
© Stocklib Kaspars Grinvalds