Quand la littérature se "livre" aux enfants autistes

Entre difficultés d'apprentissage et troubles de la compréhension, l'accès à la lecture est souvent une étape difficile pour les jeunes autistes. Petit point sur les livres adaptés à l'occasion de la Journée mondiale de l'autisme, le 2 avril.

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Par Margot Desmas

Longtemps inaccessible aux enfants avec des handicaps communicationnels, la littérature commence à s'adapter à ce public. Plusieurs maisons d'édition spécialisées dans les livres adaptés aux personnes avec handicaps cognitifs font leur apparition dans le paysage littéraire français depuis quelques années. Images, pictogrammes ou dessins animés: chacune d'entre elles développe ses propres méthodes pour rendre la littérature intelligibles aux plus jeunes. Ancienne professeure des écoles, Sylvie Sternis a fondé, en 2016 sa propre maison d'édition : Lescalire, lire autrement. "Je suis devenue éditrice parce qu'il y avait des besoins au niveau des enfants autistes, il n'y avait rien de fait pour eux", affirme celle qui a été la première à publier un conte traditionnel adapté aux enfants atteints d'autisme, grâce à un système de pictogrammes.

Symboliser les émotions

Dans le texte de l'album Poule-rousse, ces symboles se substituent à certains mots et représentent des sentiments ou des émotions. Le recours à la pictographie permet, selon l'ancienne professeure, d'aider les enfants avec des troubles de la communication à mieux comprendre une histoire en rendant la lecture moins abstraite. L'éditrice s'est inspirée du système américain de communication par échange d'images. Une méthode permettant aux personnes autistes non verbales (qui ne parlent pas ou n'ont pas un langage fonctionnel) d'exprimer certains besoins en utilisant des images où figurent des objets de la vie quotidienne. Trop fonctionnels pour être utilisés dans le champ de la littérature, ces pictogrammes ont ensuite été adaptés par Sylvie Sternis, aidée par une infographiste, une illustratrice et une orthophoniste, pour les intégrer à son conte Poule-rousse. "Le but est de donner la possibilité aux enfants autistes de s'intéresser à la littérature car la plupart d'entre eux ne comprend pas les histoires classiques", ajoute-t-elle.

Couteau suisse

Le recours aux pictogrammes n'est toutefois pas la seule solution. Simon Houriez, dirigeant de la maison d'édition Signes de Sens, n'est d'ailleurs pas un adepte de ce type de langage : "On part du principe que leur sens est évident alors que c'est un niveau de langage complexe. Il faut faire attention à leur compréhension". Avec son livre Dans la peau d'un pirate, l'éditeur et auteur mise sur une méthode plus globale en intégrant plusieurs entrées de lectures. L'album illustré est accompagné d'un DVD qui permet de comprendre l'histoire par le mime. "C'est un couteau suisse", précise Simon Houriez. "Les enfants peuvent choisir le canal qui leur convient le mieux". Si ces deux éditeurs veulent initier les enfants avec autisme à la littérature dès le plus jeune âge, d'autres professionnels s'adressent à une tranche d'âge supérieure pour aider ces jeunes dans leur vie quotidienne.

Des conseils pour faire face

Ben est un enfant un petit peu différent des autres : il a du mal à communiquer avec ses camarades et ne ressent pas les mêmes émotions. Ce garçon de neuf ans est le héros d'une série de quatre livres éponymes écrits par Sophie Lemarié, orthophoniste, et Marie-Vincente Thorel, psychologue de développement. "Dans ces histoires, Ben n'est pas présenté comme autiste", explique l'orthophoniste. "Ces histoires doivent être utiles à des enfants qui ont d'autres troubles de la communication, tout le monde doit pouvoir s'identifier à lui". Grâce à des textes simples, des phrases courtes et de nombreuses illustrations, ces livres abordent les difficultés quotidiennes auxquelles sont confrontés les enfants avec autisme, tout en leur donnant quelques conseils pour y faire face.

Oublier la méthode miracle

Ces deux professionnelles spécialisées dans les handicaps cognitifs ont chacune recours aussi bien aux pictogrammes qu'aux mimes avec leurs jeunes patients. "Il faut sortir de l'écueil selon lequel il n'y aurait qu'une méthode miracle pour aider ces enfants à communiquer", assure Marie-Vincente Thorel. "Il faut en choisir une qui a du sens en fonction de l'intérêt de chacun". Les deux coauteures et amies travaillent aujourd'hui à la création d'une banque de vidéos pour initier ces jeunes à l'autonomie à l'école. Un pas de plus vers l'adaptation des moyens de communication aux enfants autistes.

La 3ème édition du Salon international de l'autisme se déroulera à Disneyland Paris le 6 et 7 avril 2018 (centre de convention Disney's Newport bay club).

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